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J’ai fait la connaissance de Mohamed quelques jours avant le confinement de l’automne 2020, le soir de l’annonce. La résignation autour de nous était palpable et notre rencontre, faite d’ouverture et d’accueil mutuel, contrastait avec le repli chez soi prôné par les autorités.
Je me souviens avoir été impressionnée par sa présence. Quelques mots échangés, quelques regards et sourires partagés, ont suffi à tisser entre nous un premier lien, déjà solide. Pendant les semaines qui ont suivi, nous avons instauré un rdv dominical, à distance, et nous avons continué à tisser ce lien. Le rituel de nos échanges et leur régularité durant le confinement constituait un repère et une joie dans l’incertitude du lendemain et le défilement des semaines. La visio nous a offert un espace de dialogue et de partage autour de nos parcours et de notre quotidien. Parmi nos thèmes favoris : l’histoire contemporaine de nos deux pays : l’Egypte et le France, la politique, le sport, les cafés, la littérature, le cinéma, les voyages. Tous ces sujets qui nouent une amitié...
La langue n’a jamais été une difficulté. D’abord, parce que Mohammed avait déjà un bon niveau de français. Ensuite, parce que les mots qui manquaient pour exprimer sa pensée sont devenus un jeu de piste entre nous. De détours en détours, j’en apprenais autant que lui sur les subtilités de notre langue commune. Enfin, il a des moments où les mots sont inutiles, la présence bienveillante suffit à signifier.
Après s’être quittés en inconnus deux mois plus tôt, nous nous sommes revus en amis au début de l’année 2021.
La nourriture a constitué une nouvelle rencontre. Un formidable moyen de poursuivre la découverte de nos cultures. Nous avons troqué un aligot auvergnat contre des dates enrobées de chocolat !
Mohammed m’a fait découvrir la maison des journalistes et la Grande Mosquée. Je m’y suis sentie invitée, comme s’il m’avait accueillie dans son pays, j’étais chez lui. Nous avons arpenté les quais de Seine, le jardin des Plantes et sommes restés plusieurs fois à admirer les danseurs et danseuses de tango argentin, tournoyant avec eux par le regard, emportés par la musique. Nous continuions à voyager ensemble.
J’ai eu la chance et le privilège d’être témoin de quelques-unes de ses victoires après de longues périodes d’attente face à l’administration égyptienne et française. Je reste impressionnée par sa combativité et sa confiance vigilante. Ces qualités le guident vers des jours lumineux à l’image de son union récente avec Chahrazed, qui restera dans ma mémoire comme un moment de bonheur intense. Je lui souhaite, de tout mon cœur, de vivre aussi souvent que possible, des joies profondes et paisibles, partagées avec les siens. Et je fais le vœu, mon ami, que nous soyons encore longtemps les témoins de nos existences.