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Les rares informations sur ces centres émanant du ministère de l’intérieur donnent sans surprise l’image d’un dispositif fonctionnant plutôt bien et s’améliorant au fil des semaines. Mais la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), qui regroupe 870 associations et organismes accueillants les plus démunis, a mené une enquête sur ces lieux mal connus, ouverts pour diminuer la population du campement de Calais et mettre à l’abri les migrants renonçant à rejoindre le Royaume-Uni. Vingt-sept CAO, soit un quart du dispositif national, ont répondu à ce questionnaire mené en ligne entre le 28 janvier et le 15 février. La Fnars a transmis les résultats de son enquête au ministère de l’intérieur.
Le premier problème soulevé, c’est qu’il y a plus de sorties pour fuir ces centres que pour être durablement hébergé en tant que demandeur d’asile. « Dix établissements ont détaillé leurs départs, précise l’analyse, et il apparaît que 26 % des personnes hébergées dans ces CAO quittent ces centres, soit pour retourner à Calais, soit vers une destination inconnue des gestionnaires. » Ce taux est supérieur aux migrants qui partent parce que leur projet migratoire a avancé et qu’ils peuvent être hébergés dans les centres destinés aux demandeurs d’asile. A ce jour, le ministère de l’intérieur estimait ce taux inférieur à 20 %, sans donner plus de précisions, et rappelait que 80 % des personnes en CAO faisaient une demande d’asile en France.
Ce taux de fuite, très élevé, s’expliquerait par la mauvaise information initiale. Il s’avère que 78 % des associations gestionnaires de CAO ayant répondu à l’enquête considèrent que « les personnes sont mal informées à leur arrivée dans les centres ». La pression pour vider la « jungle » de Calais est telle que l’on « survend » les CAO en y envoyant tous les publics. On y trouve donc des exilés qui n’ont rien à y faire, comme « des mineurs isolés étrangers et des réfugiés statutaires », observe la Fnars.
Le fait que trois préfectures au moins aient renvoyé ou tenté de renvoyer en Italie, notamment, des demandeurs d’asile qui y avaient laissé leurs empreintes n’a pas non plus aidé à faire la promotion du dispositif. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, qui avait demandé la suspension de l’application de l’accord de Dublin pour ces populations, n’a pas été entendu par tous ses préfets.
Ensuite, il n’est pas si facile de sortir des centres d’accueil. Ainsi, « en dépit de ces départs précoces en catimini, 88 % des CAO indiquent que la durée moyenne de séjour est supérieure à un mois et 65 % d’entre eux qu’elle est supérieure à deux mois ». Or, la durée de séjour ciblée dans les décrets encadrant le dispositif était d’un mois. « Ces chiffres traduisent des difficultés d’orientation vers le dispositif national d’hébergement », souligne l’enquête, et font de ces centres des goulets d’étranglement.
L’enquête met aussi l’accent sur une incertitude pour les semaines à venir. Ouvertes dans l’urgence par les collectivités détentrices des bâtiments, ces structures vont devoir être réorientées vers leur mission de départ. Avec la saison estivale, un grand flou – que l’Etat balaie d’un revers de main – règne sur l’avenir de ces gens, puisque « la fermeture de ces centres d’ici la fin de la trêve hivernale concernera 216 personnes qui y étaient hébergées au 22 janvier ».
A titre d’exemple, la Fnars observe ainsi que dans le CAO en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées qui va fermer au 31 mars, aucune des 15 personnes accueillies, toutes demandeuses d’asile, n’est en passe d’être orientée vers un hébergement spécifique. « Ce CAO indique par ailleurs ne pas avoir d’information satisfaisante de la préfecture et de l’OFII [Office français de l’immigration et de l’intégration] à ce sujet », rappelle l’enquête.
Bonne nouvelle quand même : 83 % des associations considèrent que les relations avec la préfecture sont satisfaisantes, et 58 % des CAO estiment que la coordination avec l’OFII l’est également. Un point essentiel car connaître la nationalité des migrants permet de prévoir les traducteurs. Cette lacune, récurrente dans les premiers temps du dispositif, semble s’estomper.
Le 01 Mars 2016, Marylin BAUMARD, Le Monde