- Accueil
- France terre d'asile
- Histoire
- 1971-1980
- 1980-1998
- 1998-2006
- 2006 à nos jours
- Organisation
- Notre gouvernance
- Nos établissements
- Notre organisation
- Nos actions
- Notre expertise
- Infos migrants
- Faire un don
- Rejoignez-nous
De longues files d’attente, des cars qui attendent, les gilets bleus et jaunes des agents de la préfecture de région, de la Ville de Paris et des bénévoles de France terre d’asile.
Une scène comme Paris a en a vu des dizaines, depuis le début de la crise migratoire, en 2015. Mais, ce lundi matin, porte d’Aubervilliers (XIXe), pas d’évacuation en masse des exilés, simplement une maraude, avec proposition de mise à l’abri temporaire, avant examen de la situation de chacun.
Outre les 10 000 places d’accueil ouvertes en Ile-de-France, la préfecture de région, qui a augmenté depuis 10 jours la capacité d’accueil transitoire, en raison des fortes chaleurs, mais également pour absorber le flux des arrivants, a mis à disposition huit gymnases.
« Ce n’est pas un type d’hébergement qui doit se prolonger dans le temps. Quelques jours au plus, souligne Michel Cadot, le préfet de région. Ces personnes rejoindront ensuite l’un des cinq Centres d’accueil et d’examen des situations (CAES) *. L’objectif de ces maraudes, organisées chaque semaine, est de ne plus laisser s’ancrer les gens dans la rue, et s’enraciner dans la précarité. A l’image de ces gigantesques campements qui ont été démantelés ces dernières années. Ce système, mis en place au mois de mars, lorsque l’Etat a repris la main sur la gestion migratoire à Paris, semble bien dimensionné, pour permettre une certaine fluidité, et l’absorption des quelque 500 personnes qui arrivent chaque semaine ». Jeudi dernier, 250 exilés ont accepté un hébergement, et une centaine de la porte de la Chapelle (XVIIIe), le lendemain.
Porte d’Aubervilliers, où des groupes de migrants, principalement érythréens et soudanais se sont récemment installés dans deux squares, la proposition d’hébergement n’est pas acceptée par tous, malgré les longues explications fournies par les bénévoles de France terre d'asile.
Une centaine de personnes sont entrées dans les cars, et presque autant, dans une longue cohorte, chargés de baluchons et de matelas, ont pris la direction du boulevard Macdonald tout proche. Vraisemblablement des exilés « dublinés », qui auraient les plus grandes difficultés à obtenir l’asile en France.
Ce lundi soir, ils pourraient revenir sur leurs pas, dans les jardins qu’ont immédiatement nettoyés les agents de la Ville. Où rejoindre la porte de la Chapelle, où campent plusieurs centaines de leurs compagnons d’infortune.
* Les CAES sont installés à Paris, Nanterre (Hauts-de-Seine), Ris-Orangis (Essonne), Cergy (Val-d’Oise) et Vaux-le-Pénil (Seine-et-Marne).
« Nous sommes un peu des urgentistes sociaux. Ils ont fait 5 000 km à pied, sous le joug des passeurs… » Depuis jeudi dernier, Hubert Valade, le président de l’association France Horizon, accueille une centaine d’exilés dans le gymnase du square Auguste-Renoir, à la porte de Vanves (XIVe).
Sur les lits, alignés dans l’immense pièce climatisée, des hommes, Afghans pour 80 % d’entre eux. Les autres arrivent du Soudan. Tous dormaient sur les trottoirs des portes de La Chapelle et d’Aubervilliers. « Ici, ils peuvent prendre des douches, trois repas par jours, se reposer, détaille Hubert Valade. 70 % d’entre eux ont déposé un dossier pour demander l’ouverture de leurs droits, et les autres sont en train de le constituer. Sur le nombre de personnes accueillies, seuls six hommes ont décidé de partir après s’être reposés, de ne pas poursuivre les démarches, vraisemblablement parce que leurs droits sont épuisés. C’est très peu, au regard de ce que nous constatons habituellement ».
« Le système des maraudes en place depuis quelques mois, est le meilleur dispositif tenté jusqu’ici, souligne France terre d’asile. Les personnes restent beaucoup moins longtemps dehors, et les résultats sanitaires sont visibles : les maladies que les médecins constataient sur les campements lorsque les migrants restaient des semaines sur les trottoirs, dans la promiscuité, sont en très net recul. »
« Cette organisation, poursuit l’association, permet de traiter individuellement chaque dossier. Actuellement, 60 % des migrants acceptent d’entrer dans le système mis en place, même s’il y a un taux d’évaporation. Les « dublinés* » et les personnes qui se disent en transit vers d’autres pays d’Europe, n’adhèrent pas aux propositions ».
*Les personnes ayant fait une demande dans un autre pays européen et devant donc y retourner pour mener à terme leur dossier.
Le Parisien, Cécile Beaulieu, le 30 juillet 2018