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Le 18 août, près de 2.500 personnes ont été évacuées du campement qui grossissait autour du centre humanitaire pour migrants dans le nord de Paris. C'était la 35e évacuation en deux ans; à chaque fois, des sacs de couchages réapparaissaient dans les 24 heures et un bidonville en quelques semaines.
Cette fois-ci, les pouvoirs publics ont déployé un important dispositif autour du centre: une quarantaine de policiers, chargés de "lutter contre l'occupation indue de l'espace public", indique-t-on de source policière.
L'objectif est clair, selon le préfet de région Michel Cadot: "ne pas laisser se réinstaller" de campement. Fin juillet, Emmanuel Macron avait mis la pression avec sa promesse de n'avoir "plus personne à la rue d'ici la fin de l'année". De fait, aucun migrant ne dort devant le centre deux semaines après l'évacuation.
"On a l'impression qu'il n'y a plus personne mais c'est juste qu'on les a dispersés", estime Anne-Marie Bredin, du collectif Solidarité migrants Wilson, qui distribue un petit déjeuner à 200 mètres du centre. Mardi, le collectif a donné 300 repas et "dimanche on sera à 500", prédit la bénévole, pour qui cette politique "ne fait que repousser les gens vers La Villette, Jaurès..."
Certains migrants sont peut-être hébergés par le 115; mais dans le nord de Paris, de micro-campements réapparaissent. Des Afghans dorment dans le jardin Villemin, près de la gare de l'Est. Boulevard de la Villette, devant les locaux de France terre d'asile, des hommes se pressent chaque soir dans l'espoir d'être les premiers à entrer le lendemain. "Ca ne sert à rien, le matin d'autres arrivent par groupes de 4 ou 5, ils sont plus forts et prennent notre place", raconte Ouared, un Afghan de 25 ans arrivé il y a deux semaines.
Comme deux fois cette semaine, la situation créée rixes et "tensions", reconnaît Pierre Henry, le directeur général de France terre d'asile, qui estime à 400 environ le nombre de migrants dans Paris. C'est moins que ce qu'a pu connaître la capitale courant 2016. Mais "le prochain point de tension va être là", prédit-il.
Associations et Ville de Paris répètent que la capitale, où une soixantaine de migrants arrivent chaque jour, ne peut faire face seule: "il faut ouvrir d'autres centres, en priorité sur le couloir rhodanien" (l'axe Nice-Lyon que remontent les migrants venus d'Italie), martèle-t-on à la Ville.
En attendant il faut aussi "que le centre parisien puisse fonctionner pleinement", ajoute-t-on, en rappelant que les migrants sont censés être orientés après dix jours vers d'autres structures pour laisser leur place à d'autres: cette "fluidité" suppose suffisamment de rendez-vous pour examiner leur situation administrative, et assez de places où les reloger ensuite.
Or une partie des hébergements mettent du temps à se libérer, car ils sont occupés par des migrants déjà enregistrés dans un autre pays européen. Les y renvoyer, comme prévu par les règles de "Dublin", prend du temps. Pour résoudre le problème, M. Cadot avait annoncé début juillet qu'il était en train de créer en Ile-de-France un millier de places "spécifiquement orientées" pour les accueillir.
Il faut tenir l'objectif, fixé par Emmanuel Macron, d'avoir "dès la première minute un traitement administratif qui permette de déterminer si on peut aller vers une demande d'asile ou non, et derrière une vraie politique de reconduite aux frontières".
En martelant la différence entre réfugiés et demandeurs d'asile, le président veut aussi faire de la "pédagogie" pour dissuader les seconds de venir. Moins de flux aiderait sans doute à réduire le phénomène des campements à Paris. Même si les arrivées en Italie via la Méditerranée ont drastiquement baissé en juillet, nul ne s'aventure à prédire une fin de la crise migratoire.
Par le Point, le 01/09/2017