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Malgré les efforts du gouvernement pour convaincre les associations, concertées en amont, du bien fondé humanitaire de l’opération, onze d’entre elles – dont Emmaüs, le Secours Catholique et l’Auberge des Migrants - avaient saisi le Tribunal administratif de Lille mercredi 12 octobre pour dénoncer « une atteinte aux droits fondamentaux des exilés » et empêcher l’évacuation tant que des « solutions pérennes » n’auraient pas été trouvées: Emmaüs France jugeait le démantèlement vain, son président Thierry Kuhn estimant que « les gens vont revenir, il ne faut pas se voiler la face ». Le Secours Catholique quant à lui fustigeait une « opération sécuritaire », et trop précipitée. La requête a finalement été rejetée le 18 octobre. Le gouvernement a déclaré voir confortée « sa détermination à engager le démantèlement du campement de la Lande dans les meilleurs délais et avant la période hivernale », et a réaffirmé « son engagement à ce que chaque personne présente sur la “lande” de Calais, au terme d’une information claire, se voie proposer une mise à l’abri humanitaire sur notre territoire dans le respect de ses droits établis, et un accompagnement correspondant à sa situation individuelle. »
L’État avait déjà trouvé au 13 octobre 7 254 places en CAO pour les migrants évacués, et assurait qu’il y en aurait 9 000 à disposition fin octobre. Une crainte réside néanmoins dans la réaction des communes d’accueil, certaines s’étant déjà montré franchement hostiles à l’implantation de CAO.
Il est d’autre part vraisemblable qu’un certain nombre de personnes déterminées à rejoindre le Royaume-Uni aient déjà quitté le camp pour échapper au démantèlement, faisant craindre l’apparition dans les prochaines semaines de nouveaux campements sur la côte. Le gouvernement lui-même, qui a affirmé que le démantèlement serait total et définitif, a reconnu qu’il était évident qu’une présence se maintiendrait sur place, et qu’il faudrait la gérer. Malgré tout, il envisage de détruire les 2000 places d’hébergement « en dur » du Centre d’accueil provisoire Jules Ferry.
France terre d’asile a cosigné avec la Fnars, Emmaüs Solidarité, Aurore, Coallia, le Groupe SOS et le Secours islamique, le 18 octobre dernier, un communiqué marquant le soutien pour une évacuation du camp le plus vite possible mais sous certaines conditions.. ces associations proposent au gouvernement l’approbation d’un protocole qui l’engage à respecter six garanties de la protection des droits fondamentaux des personnes : l’hébergement, l’accompagnement personnalisé, la prise en charge adéquate des mineurs, l’information des migrants, le rejet de la rétention pour les personnes refusant d’aller en CAO, et le développement de voies légales pour migrer au Royaume-Uni.
Mais la source des plus fortes inquiétudes reste la situation des mineurs isolés étrangers de Calais. Selon le recensement sur base déclarative réalisé par France terre d’asile les 10 et 11 octobre, il y avait près de 1 300 mineurs isolés dans la « Jungle », dont environ 500 affirmaient avoir de la famille au Royaume-Uni. 95% d’entre eux ont également exprimé le souhait de traverser la Manche. Or, ceux-ci ne peuvent ni être emmenés en CAO, ni en Centre de rétention administrative. « Le dispositif d'accueil et de mise à l'abri sur place des mineurs non accompagnés n'est toujours pas opérationnel », déplorait Jacques Toubon, le défenseur des droits, le 6 octobre. Pour ceux ayant de la famille au Royaume-Uni, France terre d’asile coordonne un projet de réunification familiale en collaboration avec les autorités françaises et britannique. À l’appel de Bernard Cazeneuve, son homologue outre-Manche Amber Rudd a accéléré les transferts de mineurs isolés vers l’Angleterre: elle a déclaré que « ce serait un bon résultat si 300 mineurs isolés étrangers étaient accueillis dans les jours qui viennent ». Depuis la semaine dernière, 73 mineurs ont pu passer vers l'Angleterre et hier soir, un total de 180 avaient rejoint les leurs en toute légalité.
Le démantèlement a commencé ce matin. Mineurs, majeurs, familles et personnes vulnérables sont triés et regroupés dans un hangar, divisé en quatre halls. Ils ont alors la possibilité de choisir entre deux régions, puis attendent le bus qui les conduira vers leur nouvelle destination. Depuis 8h34, cinq bus sont déjà partis et six autres sont sur le départ.
En ce qui concerne « L’après démantèlement », cela dépendra beaucoup de la manière dont l’Etat garantira la mise en œuvre de solutions durables et respectueuses des personnes.
Le 24/10/2016