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A la frontière entre la Grèce et la Macédoine, près du village grec d'Idomeni, mercredi. Photo Sakis Mitrolidis. AFP
Sur la crise des migrants, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, présente l'avantage d'être cash : « Les perspectives sont sombres… Nous n'avons plus aucune politique. On va droit vers l'anarchie. Notre crédibilité est en cause et c'est très mauvais pour [l'espace de libre circulation] Schengen et l'Union européenne. » Dimitris Avramopoulos, commissaire de l'UE chargé de la migration, y est aussi allé franco jeudi, estimant qu'il restait à l'Europe dix jours – le délai jusqu'à une réunion avec la Turquie, le 7 mars – pour faire baisser les flux arrivant de ce pays : « Il nous faut des résultats clairs et tangibles sur le terrain, a-t-il indiqué après une réunion des 28 ministres de l’Intérieur à Bruxelles. Autrement, il y a un risque que le système s’effondre complètement. » Pour lui, « l’unité de l’Union et des vies humaines sont en jeu ».
L'UE n'en est pas à sa première alerte, mais la tension est montée d'un cran depuis que, de façon illégale, les pays des Balkans ont décidé de faire le tri des migrants qui ont le droit de traverser leurs pays. Neuf pays des Balkans réunis avec l’Autriche mercredi ont officialisé ces restrictions. Seuls les Irakiens et les Syriens peuvent passer. Du coup, la Grèce hurle car elle se retrouve avec de plus en plus de réfugiés, surtout afghans, bloqués sur son territoire – 3 500 jeudi au poste d'Idomeni, la Macédoine ayant considérablement réduit le flux d'entrées. D'après l'AFP, des centaines de migrants marchaient sur les routes grecques jeudi vers la frontière avec la Macédoine, Athènes ayant réduit le nombre de bus y conduisant, pour combattre l'engorgement. « La possibilité d’une crise humanitaire de grande échelle est là, très réelle, très proche », selon Dimitris Avramopoulos.
Le commissaire a aussi estimé que « le temps n’est plus aux actions sans coordination » : « Les initiatives isolées ne mènent nulle part. » Mais les pays des Balkans tirent parti de la paralysie de l'Union européenne. Et de ses divisions. Ainsi, Vienne réclame à Athènes plus de rigueur : « Si la Grèce n'a pas la capacité ou la volonté de sécuriser la frontière extérieure de l'UE, les autres doivent agir », a dit la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner.
Athènes a rappelé son ambassadrice à Vienne pour protester. Le Premier ministre, Aléxis Tsípras, menace de bloquer certaines décisions de l'UE si le flux des migrants « n’est pas partagé d’une manière proportionnelle » par les pays européens. « Nous n’allons pas accepter que notre pays se transforme en un entrepôt d’êtres humains », a affirmé le Premier ministre, cité par l'AFP.
Le 7 mars, l’UE et la Turquie vont discuter d’un plan d’aide de 3 milliards d’euros versés à Ankara pour garder sur son sol les réfugiés, notamment syriens. Angela Merckel espère aussi déterminer des quotas d’accueil par pays volontaire dans l'UE, mais c'est loin d'être gagné, car nombre de partenaires s’y opposent. Ainsi, l’Autriche n’accepte plus que 80 demandes d’asile par jour. De son côté, la Hongrie a annoncé mercredi son intention de tenir un référendum pour décider si elle accepte de prendre un futur quota de réfugiés. On peut deviner le résultat : « Le gouvernement pourrait aussi bien demander aux citoyens s'ils veulent pour toujours rester beaux et jeunes », a ironisé le journal polonais Gazeta Wyborcza.
Le 25 février 2016, Michel HENRY, Libération.