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Protéger les mineurs isolés étrangers de Lesbos à Calais, partout en Europe !

Alors que plus de 856 000 migrants et réfugiés ont débarqué en Grèce en 2015, seuls 2 390 mineurs ont été officiellement enregistrés. Entre une procédure d’enregistrement et d’identification expéditive et des adolescents qui se déclarent adultes ou accompagnés pour pouvoir rejoindre leur destination finale, des milliers d’enfants se retrouvent livrés à eux même sur les routes d’Europe. La Grèce ne compte que cinq centres pour  MIE d’une capacité de 25 à 50 places chacun. Le roulement est seulement assuré par le taux de fugue de plus de 80 %. On l’oublie trop souvent : les jeunes sont aussi des acteurs de leur destin.

Face au manque de voies de migrations légales au titre de la réunification familiale, les mineurs isolés se mettent dans les mains des réseaux, courant ainsi de grands risques.

C’est  une des priorités que nous devons défendre en Europe – constituer des voies de migrations légales pour les plus vulnérables. C’est aussi ce que nous devons promouvoir à Calais en rappelant fermement  la Grande-Bretagne à ses obligations.

France terre d’asile a recensé dans le bidonville de Calais 326 mineurs dont 57 de moins de quinze ans, principalement de nationalité afghane, syrienne, égyptienne, érythréenne. Un certain nombre d’entre eux ont de la famille en Grande-Bretagne. Ils doivent pouvoir la rejoindre sans risquer leur vie. Monsieur Cameron freine pourtant des quatre fers sur cette question. La position de la Grande Bretagne mais aussi des pays de l’Union est inacceptable. On ne négocie pas la qualité de la protection des enfants en Europe contre l’appartenance ou non à un traité.

Pour les autres, un espace de mise à l’abri doit être aménagé au plus vite  sur le site du centre d’accueil provisoire  de  Calais, donnant aux MIE souhaitant se stabiliser la possibilité d’accéder  aux dispositifs de la protection de l’enfance et à une prise en charge adaptée.

En 2013, l’Etat avait prévu un mécanisme de solidarité qui permette à chacun des départements de France de se montrer solidaire en matière de protection de l’enfance. Ce dispositif est aujourd’hui en panne, il doit être réactivé de manière à ne pas laisser le seul département du Pas de Calais face à cet accueil.

En 2015, 1 400 mineurs isolés ont été accueillis dans les structures gérées par France terre d’asile à St Omer et à Arras. Seuls 90 d’entre eux ont été stabilisés, notamment parce que nombre d’entre eux souhaitaient rejoindre la Grande-Bretagne.

L’action de l’Union est insuffisante. La commission doit élaborer des normes stratégiques minimales  communes pour les États concernant les MIE. Ces normes doivent porter sur chaque étape du processus, depuis l’arrivée du mineur sur le territoire européen jusqu’à ce qu’une solution durable soit trouvée pour lui, afin de lui assurer une protection adéquate.

La recherche de solutions durables, l’octroi d’un statut permettant au mineur de s’intégrer dans le pays d’accueil, ou sa réinstallation sur le territoire de l’UE doivent être élaborés au cas par cas et toujours dans son intérêt supérieur.

 

Alain Le Cléac’h, Président de France terre d’asile

Pierre Henry, Directeur général de France terre d’asile