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Hommage

Nous voilà orphelins de 129 personnes, nos semblables, morts un soir de novembre dans le Paris populaire pour rien, parce qu’ils célébraient la vie, la partageaient avec leurs amis, leurs amours, parce qu’ils étaient amateurs de musique, parce qu’ils vivaient à la française.

Ces femmes, ces hommes ont le beau visage de la France – de la France et du monde qui envie et aime notre cher pays. Ce pays bravache, rebelle, fier.  

Ils ont des prénoms, Marie, Thomas, Sven, Djamila, Kheiroula, Lola.

Ils habitaient Tarbes, Nancy, Bordeaux, Paris, venaient d’Espagne, du Chili, de Grande-Bretagne. Ils étaient barmans, étudiants, dirigeaient un IUT, venaient de revêtir la robe d’avocat. Ils avaient la vie devant eux. Ils  incarnaient tout ce que les fanatiques ont toujours haï comme l’écrit si bien un anonyme dans le New York Times  : « la jouissance de la vie sur Terre d’une myriade de façons : une tasse de café parfumé et un croissant au beurre le matin, de belles femmes habillées en robes courtes qui sourient librement dans la rue, l’odeur du pain chaud, une bouteille de vin partagée entre amis, une touche de parfum, les enfants qui jouent au Jardin du Luxembourg, le droit de ne croire en aucun Dieu, de ne pas se soucier des calories, de flirter et fumer et de faire l’amour en dehors du mariage, de prendre des vacances, de lire ce qu’on veut, d’aller gratuitement à l’école, de jouer, rire, argumenter, de se moquer des prélats et des politiciens, de ne pas se soucier de la vie après la mort. »

Des assassins ont décidé de leur ôter la vie de la pire des manières, en les abattant professionnellement, méthodiquement un doux soir de novembre dans les rues de Paris, dans une salle de concert, aux abords d’un stade. Ces barbares, parce qu’ils n’aiment personne, croient qu’ils aiment Dieu. En agissant ainsi, ils pensent semer la terreur, la division, nous faire renoncer à ce qui fait l’âme de la France, à son vivre ensemble, à sa diversité.

Ils se trompent comme se trompent les extrémistes qui dès vendredi soir osaient tous les amalgames. Nous savons, nous qui travaillons chaque jour à cette douce France, à cette France bienveillante qu’ils n'y parviendront pas. Nous parlerons fort, regarderons dans les yeux ceux qui veulent exploiter la peur et la peine. Nous refuserons tous les amalgames. Nous leur expliquerons aussi la main tendue pourquoi ils se trompent. Nous leur expliquerons parce que nous sommes bienveillants et que la France a besoin d’amour. Nous leur dirons pourquoi nous pensons nécessaire d’accueillir celles et ceux qui fuient précisément la barbarie, la guerre. En mémoire de Djamila, de Lola, de Kheiroula et des autres, nous leur lirons ce témoignage reçu il y a trois jours d’une famille syrienne que notre organisation prend en charge – Voici ce qu’elle nous écrivait:

« Enfin et après que nos pieds ont foulé le sol de France, nous sommes gagnés, nos enfants, mon épouse et moi, par un sentiment de sécurité. Un sentiment de parfaite tranquillité s’est substitué aux moments de terreur et de peur que nous avons connus en Syrie ainsi qu’à la déception et contraintes subies en Egypte. Ce sentiment s’est installé grâce au soutien de personnes merveilleuses qui nous ont accueillis avec un sourire sincère et un visage ouvert soit au centre de Créteil ou à Saint-Lô, sans oublier les citoyens français auxquels nous nous sommes adressés pour demander des informations ou de l’aide morale. Ce qui a augmenté notre joie et bonheur c’est la beauté de la nature en France à laquelle nos enfants ont été sensibles. « Tout est vert en France», se sont-ils exclamés. Et comme ils étaient heureux une fois dans notre appartement qui offre une vue merveilleuse et se trouve dans un bel environnement. Nous n’oublierons jamais les personnes de bonnes volontés qui n’ont eu cesse de soutenir notre demande d’asile et tout ce qu’elles nous ont offert comme aides morale et matérielle. Qu’elles reçoivent de notre part l’expression de notre respect et gratitude. Nos enfants, mon épouse et moi faisons une promesse d’être fidèles à ce pays qui nous a accueillis et d’exprimer notre reconnaissance en commençant par nous intégrer dans cette société ,en apprenant le Français,  pour participer, selon nos moyens, à préserver et soutenir son progrès ».

Ce témoignage justifie tout notre travail. Soyez fiers de ce que vous faites. Vous êtes le meilleur de ce pays. Aux armes, citoyens, dit le chant de la nation. Aux armes cela veut dire – être debout – Vivant – cela veut dire être collectivement sûr de notre force. Nous ne cèderons rien aux extrémistes parce que ce serait donner raison aux criminels. Voilà la ligne de crête sur laquelle nous allons nous hisser.

Nous sommes en deuil, ce jour, mais les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elles perdent toujours.