- Accueil
- France terre d'asile
- Histoire
- 1971-1980
- 1980-1998
- 1998-2006
- 2006 à nos jours
- Organisation
- Notre gouvernance
- Nos établissements
- Notre organisation
- Nos actions
- Notre expertise
- Infos migrants
- Faire un don
- Rejoignez-nous
Le changement, pour les Roms, c'est après? Les évacuations de camps de Roms ce jeudi matin à Lille et à Lyon ont ravivé la colère des associations. Selon elles, la situation des Roms ne s'est pas arrangée avec l'arrivée de François Hollande au pouvoir. Lors de la campagne présidentielle, le candidat socialiste avait expliqué sa position dans une lettre aux associations. "Lorsqu'un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives doivent être proposées", assurait-il alors. Mais rien - ou si peu - n'a changé, selon elles.
Si pendant le début de mandat du président socialiste les expulsions ont ralenti, elles ont repris de plus belle au début de l'été. "On a retrouvé le rythme de l'ancien gouvernement", déplore Malik Salemkour, le vice-président de la Ligue des Droits de l'Homme et animateur du collectif Romeurope. Tant et si bien que le secrétaire national à la sécurité, Eric Ciotti a salué ce jeudi la politique du gouvernement: "Manuel Valls a décidé de poursuivre le démantèlement des camps de Roms. C'est une mesure juste et légitime, tant ces lieux n'ont pas leur place sur le territoire de la République", a-t-il déclaré. Un compliment en forme de pique au gouvernement.
Ce n'est pas seulement le nombre de démantèlement de camps qui pose problème, mais également la manière de procéder. "Sur les évacuations qui ont été faites depuis début août, il n'y a aucune évolution, elles ressemblent à celles menées sous Nicolas Sarkozy. On ne fait que déplacer les familles", regrette Malik Salemkour. Pour certains, la situation des Roms a même empiré sous la gauche. "Non seulement on évacue les campements mais en plus on les pourchasse", s'insurge Jean-Philippe, un militant.
Une position nuancée par Pierre Henry, le directeur général de France terre d'asile: "Il y a une différence entre le discours de Nicolas Sarkozy et celui de François Hollande concernant les Roms, c'est déjà un bon début. Le président actuel ne les stigmatise pas, ne les pointe pas du doigt. Il admet également que des solutions doivent être recherchées. Mais il reste beaucoup de chemin à faire."
Selon Pierre Henry, les évacuations varient du tout au tout selon les localités. Certains conseils généraux tentent de trouver des solutions durables pour améliorer les conditions de vie de ces populations, alors qu'à d'autres endroits les préfets ne tiennent pas toujours compte des compromis. Ainsi, le 10 juillet, une concertation a été organisée entre les associations, les élus locaux et le préfet du Paca sur une évacuation à Marseille, raconte Malik Salemkour. "Au bout de deux heures de discussions, les élus étaient prêts à prendre des mesures pour améliorer la condition des Roms. Mais les solutions proposées n'ont pas été prises en compte par le préfet et quelques jours plus tard, des évacuations sèches ont lieu..."
Cette vague d'expulsions fait également craindre aux associations que François Hollande ne tienne pas ses autres promesses faites au Roms. Lors de la campagne, il ne s'était en effet pas seulement engagé sur le logement, mais s'était dit favorable à "une politique publique d'accompagnement vers le droit commun dans tous les domaines (social, scolaire, logement, santé, travail)." Mais, selon Malik Salemkour, cette promesse sera impossible à tenir si les Roms sont tout le temps déplacés. Comment en effet scolariser les enfants, offrir un suivi sanitaire et proposer un emploi à des familles systématiquement sur les routes?
L'express, le 10 août 2012