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Le ministre de l'Immigration Eric Besson a confirmé mardi 13 avril à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) la création de 1.000 places de plus dans les centres d'accueil de demandeurs d'asile (Cada), ce qui reste insuffisant pour des gestionnaires de centres et les associations.
"C'est bien, on ne peut que se réjouir de cette annonce. Les places sont enfin créées", a réagit le directeur général de France Terre d'Asile Pierre Henry, rappelant qu'il s'agissait d'une promesse de Brice Hortefeux datant de 2008.
"Ces 1.000 places sont une première réponse positive qui peut paraître insuffisante par rapport à l'augmentation des demandes d'asile", a également expliqué Corinne Taddeo Bienvenu, chef de service de la plateforme d'accueil des demandeurs d'asile en Seine-Saint-Denis.
Les gestionnaires de centres Cada avaient demandé 5.000 places supplémentaires, selon Corinne Taddeo Bienvenu et Géraldine Theneau, chef de service du Cada de Livry-Gargan, visité par Eric Besson. Il y a actuellement 21.000 places en Cada, selon le ministère de l'Immigration.
"Il ne faut pas que l'arbre cache la forêt", a prévenu à son tour Pierre Henry, ajoutant : "Il faut s'interroger sur le fait que seulement 12.500 demandeurs d'asiles ont eu accès aux centres d'accueil en 2009". Selon le président de France Terre d'Asile, le shéma d'accueil français en est la cause.
"La durée de procédure est trop longue [18 mois, selon lui], et les centres sont saturés alors qu'ils ont du supporter de nouvelles opérations spécifiques comme la réinstallation de personnes en provenance d'Irak et de Maltes, par exemple, sans que des moyens supplémentaires aient été attribués", indique-t-il.
Corinne Taddeo Bienvenu précise que la hausse des demandes d'asile a été de 20% entre 2008 et 2009 en Seine-Saint-Denis. Au niveau national, il y a eu 47.686 demandes en 2009, soit une augmentation de 12% par rapport à 2008. Cela fait de la France le premier pays d'Europe de destination des demandeurs d'asile, et le deuxième dans le monde derrière les Etats-Unis.
"Mille places de plus dans les Cada, ce n'est pas rien; la générosité de notre pays a un coût", a expliqué Eric Besson, qui a rencontré des demandeurs d'asile iraniens, tchétchènes, sri-lankais et colombiens hébergés au Cada de Livry-Gargan.
"A côté des CADA, les hébergements d'urgence sont laissés de côté", s'indigne quant à lui Pierre Henry. En 2009, le Budget prévu pour les hébergements d'urgence était de 71 millions d'euros, il est passé à 31 millions dans la loi de finances 2010, indique-t-il, expliquant qu'il s'agissait de la raison pour laquelle "un grand nombre de demandeurs d'asile sont à la rue dans les capitales régionales car les moyens budgétaires n'ont pas été transférés".
Eric Besson a expliqué que l'asile représentait "plus de la moitié du budget du ministère", avec 318 millions d'euros qui lui sont consacrés en 2010. Il a insisté sur la nécessité d'"harmoniser la politique [de demande d'asile] au niveau européen" et assuré qu'il n'y aurait "pas pour l'instant de retour forcé en Haïti".
En Seine-Saint-Denis, seulement 8% des demandes d'entrée en Cada sont acceptées, faute de place. Dans ces centres, les demandeurs d'asile sont hébergés, assistés pour constituer leur dossier du titre de réfugié et suivis psychologiquement.
"Personne n'est dupe", a réagi à l'annonce du ministre l'association SOS Racisme qui rappelle l'expulsion fin 2009 d'une dizaine d'Afghans, et le projet de création de zones d'attentes spéciales pour des migrants arrivés en France clandestinement, sans passer par les postes frontières.
"La France, loin d'être une terre d'accueil des demandeurs d'asile, s'enfonce dans les méandres d'une politique ultra-sécuritaire au détriment de la protection promise à tout réfugié par Eric Besson", dénonce l'association.
Nouvelobs, le 14/04/2010