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Depuis bientôt trois mois que Céline Guyot intervient dans le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, aux portes de la capitale, son rythme de travail est intense. Le centre le plus important de France, avec une capacité de 120 places, affiche un taux d’occupation de 90 %.
Avec son équipe de cinq salariés de l’association Assfam désormais missionnée, cette juriste a déjà rencontré 450 personnes en procédure d’expulsion. « Par rapport à d’autres centres, Vincennes accueille beaucoup de jeunes hommes présents depuis peu en France. Cela donne une ambiance très “virile” avec beaucoup de tensions provoquées par le stress, l’angoisse », témoigne la jeune femme.
Malgré ce contexte très difficile, l’équipe de l’Assfam a pu établir de bons contacts avec la direction du centre, les personnels soignants ou l’ensemble des partenaires associatifs qui suivent les migrants à l’extérieur.
Comme l’Assfam à Paris, les quatre autres nouvelles associations qui interviennent depuis le 1er janvier aux côtés de la Cimade ont vite pris leurs marques. « Nous étions bien préparés, tout se passe parfaitement bien », assure Alain de Tonquedec pour l’Ordre de Malte, qui intervient dans trois centres de la région Nord-Est.
En dépit de toutes les polémiques qui ont accompagné l’ouverture de la mission d’assistance aux étrangers, France Terre d’asile (FTA) et Forum Réfugiés expliquent également s’être mis au travail sans encombre. « Il y avait des appréhensions chez nos partenaires extérieurs, chez les avocats. Je crois que tout le monde est maintenant rassuré », indique Julien Poncet, directeur adjoint de Forum Réfugiés qui gère les centres de Lyon, Marseille et Nice.
Selon un premier comptage réalisé par le ministère de l’immigration, le nombre de recours juridiques au premier trimestre serait supérieur par rapport à la même époque de l’an dernier. L’arrivée de ces nouvelles associations pourrait même donner un peu d’amplitude aux critiques du régime de rétention.
« Ce que l’on constate sur place confirme ce que l’on savait notamment par les rapports de la Cimade, explique Pierre Henry, directeur de France Terre d’asile. Beaucoup de personnes ne devraient pas être placées en rétention, qui devrait rester une solution ultime. Ce n’est pas l’endroit pour des gens qui résident depuis parfois trente ans en France. On n’imaginait pas atteindre un tel degré d’absurdité. »
Même ton sévère dans la bouche de Julien Poncet. « Une majorité des gens placés en rétention n’ont rien à y faire, assure-t-il. Il existe bien d’autres solutions alternatives à l’enfermement. Beaucoup relèvent d’une prise en charge médicale ou psychiatrique. »
Fortes de ce premier bilan, les associations, qui se réunissent chaque mois dans un comité de suivi pour coordonner leur action, s’inquiètent d’une nouvelle loi que le ministre Éric Besson s’apprête à présenter.
Selon le texte de l’avant-projet qui a circulé début mars, la durée de rétention passerait de trente-deux jours actuellement à quarante-deux jours. De plus, le juge des libertés ne pourrait plus être saisi que cinq jours après l’entrée en CRA au lieu de deux, ce qui donnerait plus de latitude aux autorités pour expulser rapidement.
Dans l’attente du projet de loi définitif, les associations consultent des élus de gauche et de l’UMP sensibles au sujet, comme le député des Yvelines Étienne Pinte ou le sénateur du Rhône François-Noël Buffet. « On se prépare, on se tient prêt à riposter », souligne Julien Poncet. Pourtant, observe Pierre Henry, « la sensibilisation de l’opinion sur ces questions n’est pas simple ».
L’entrée de nouvelles associations dans les CRA, pour laquelle le gouvernement a dépensé tant d’énergie, pourrait paradoxalement s’avérer un atout pour une plus forte mobilisation.
Par Bernard GORCE
La Croix, le 24/03/2010