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La première "journée sans immigrés", un nouveau mode d'action consistant à se "retirer" de la vie économique pour montrer l'apport de l'immigration, a mobilisé lundi des centaines de personnes dans la rue à Paris et a suscité de multiples initiatives en Italie.
De 12H00 à 14H00, le parvis de l'hôtel de ville à Paris a été la scène de débats, d'histoires familiales partagées, de musique, d'échanges entre plusieurs centaines de personnes d'horizons différents se reconnaissant dans un refus de stigmatisation de l'immigration.
Chefs d'entreprise et cadres d'origine étrangère, étudiants d'Europe de l'Est, militants du collectif "24H sans nous" ou collectifs de sans-papiers ont martelé leur "ras-le-bol de l'instrumentalisation politique de l'immigration".
"Le message des citoyens qui sont ici est clair", résume Alexandre Mesin, jeune ingénieur venu en compagnie de sa femme Weiwei, née en France de parents chinois, "nous en avons marre d'entendre parler de l'immigration comme d'une menace et non comme une richesse".
"La France ne serait rien sans ses immigrés", renchérit Rym Cherifa, 24 ans, styliste d'origine marocaine. "Ce rassemblement réveille le vivre-ensemble".
Le collectif, lancé en juin dernier, a calqué l'idée de boycott économique (24 heures sans consommation et sans travailler) sur un vaste mouvement de protestation mené par les Latino-américains aux Etats-Unis en 2006 contre la politique d'immigration.
Le "déclic" de la quinzaine de personnes à l'origine du mouvement a été provoqué par les propos lancés par Brice Hortefeux à un jeune militant d'origine maghrébine lors de dernière université d'été de l'UMP.
La date du 1er mars a été choisie parce qu'elle marque le cinquième anniversaire de l'entrée en vigueur du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA), qui instaurait une immigration "choisie" sur des critères économiques.
"On nous demande aujourd'hui de quantifier notre action, or il est nécessairement difficile de mesurer l'impact de notre appel à cesser de travailler ou de consommer pendant 24 heures", a expliqué à l'AFP Peggy Derder, vice-présidente du collectif. "Ce qui est certain, c'est que ce mouvement a eu un impact qualitatif sur la société française et a notamment contribué à changer le regard sur l'immigration".
Soutenue par plusieurs syndicats et des associations comme la Cimade, le Gisti, le Réseau éducation sans frontières ou France Terre d'Asile, l'initiative a suscité des actions plus modestes en province, avec par exemple des rassemblements d'une centaine de personnes à Toulouse et sur le Vieux-Port de Marseille ou encore un "Freeze" à Lille.
"L'aventure ne fait que commencer. Nous espérons maintenant faire de cette journée un évènement annuel et européen", explique Mme Lamarkbi.
Plusieurs collectifs se sont déjà formés en Grèce, en Espagne ou en Italie. Dans ce pays, la journée a déjà été marquée lundi par de multiples initiatives.
A Rome, un millier de personnes ont défilé dans le quartier de l'Esquilin, près de la gare centrale de Termini, dominé par des banderoles disant "Non à l'intolérance" ou encore "Nous sommes tous noirs".
A Naples (sud), près de 20.000 personnes pour la plupart originaires du Burkina Faso, du Ghana, du Nigeria, du Maroc, du Bangladesh et du Sénégal ont défilé pacifiquement et en musique en milieu de journée.
A Bologne (centre), où 10.000 personnes ont défilé, une exposition de photos a voulu montrer les visages des "nouveaux Italiens", et à Trieste (nord-est) des groupes se sont formés pour effacer les graffitis racistes.
Par Isabelle LIGNER
Le Point, avec AFP, le 01/03/2010
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C'est un début. La première édition de la Journée sans immigrés a rassemblé hier à Marseille près de 250 personnes. L'initiative, lancée dans plusieurs villes françaises, consistait à se «retirer» de la vie économique pour montrer l'apport de l'immigration en France.
Si les «retraits» symboliques sont difficilement quantifiables – fermeture de boutiques, pas de consommation… –, les participants s'étaient réunis sur le Vieux-Port, devant la mairie, pour un sit-in convivial.
Dans la foule, Marion, étudiante en communication, joue les femmes-sandwich : côté pile, un panneau «avec moi» et une liste de courses, pour un total de 250€. Côté face, un panneau «sans moi» avec «zéro euro». «On a pris les dépenses moyennes mensuelles d'un immigré dans divers domaines : courses, loisirs, transports… Pour montrer que sans eux, c'est zéro euro. Contrairement à certaines idées reçues, l'immigration a un effet positif sur l'économie.» Plus loin, Moungi, électro-mécanicien venu d'Algérie en 1993, a pris un jour de congé pour appeler à une prise de conscience. «On est encore montrés du doigt, estime-t-il. Par exemple, je suis allé dépanner une centrale d'air à l'hôpital, et à mon arrivée, on m'a demandé quand mon chef allait venir. Pourquoi, ça ne peut pas être moi, j'ai pas la bonne couleur ? Arrêtons avec les clichés !»
«Le message, c'est : tu n'es pas obligé, qui que tu sois, de tout accepter pour que moi je t'accepte», résume Djam Deblues, artiste et porte-voix marseillais de la journée. Si la mobilisation est restée timide, c'est une première étape encourageante, selon lui : «Nous avons mobilisé des gens très différents. On va s'appuyer là-dessus pour faire mieux.» Une réunion de bilan est déjà prévue dans une quinzaine de jours.
Par Stéphanie HAROUNYAN
20 minutes, le 02/03/2010
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L'élément déclencheur a été les propos de Brice Hortefeux sur les Auvergnats en septembre dernier. Comment un ministre de l'Intérieur peut-il tenir de tels propos? Excédée, une membre du collectif, Nadia Lamarkbi, a écrit sur sa page Facebook: "Marre de tous ces propos. Pourquoi pas organiser une "journée sans immigrés" à l'instar de ce que les Latinos ont fait en mai 2006? En cessant de consommer et de travailler pendant 24 heures, les immigrés prouveraient leur poids dans la société. Nadir et Peggy, deux autres citoyens, l'ont rejoint. L'engouement s'est propagé petit à petit sur la toile (plus de 72.000 membres sur la page Facebook ndlr). Beaucoup se reconnaissent dans ce ras-le-bol de propos plus que désobligeants sur les immigrés. Il n'y a pas qu'Hortefeux. Frêche et les Noirs de l'équipe de France, Morano et la casquette, Walls et ses blancos...
Le 30 septembre dernier, avec plus de 3.000 membres sur la page Facebook du collectif, une réunion est organisée à la Bourse du Travail, qui décide de la création de notre mouvement. Plusieurs comités sont alors mis en place dans tout l'Hexagone. Des organismes comme la Cimade ou RESF nous ont apporté leur soutien. Des pays européens comme l'Espagne, l'Italie et la Grèce nous ont rejoint. Un groupe d'Allemands est même venu nous voir aujourd'hui, ils veulent organiser une "journée sans immigrés" dès l'année prochaine.
Cette date est symbolique car elle marque les cinq ans de l'application du code d'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA), qui instaure une "immigration choisie". Cette immigration voulue par le gouvernement est censée être basée sur des critères économiques, c'est pourquoi nous appellons les sympathisants à la cause à ne pas consommer ni travailler. L'immigration est une force dans notre pays, il y en a assez de ce discours plus que négatif. Plus qu'un fardeau, elle est une richesse pour la France. Ce n'est pas une conviction, mais une certitude, des travaux de sociologues et de scientifiques le prouvent.
Cette journée est un rendez-vous citoyen à ceux qui voulaient bien le prendre. Notre but premier est d'interpeller la société et de rétablir un discours positif sur l'immigration. Le collectif n'est pas une association, ni une organisation. Les actions à mettre en oeuvre, les associations de défense des immigrés le font très bien. Nous souhaitons qu'il y ait une prise de conscience, un sursaut de la part des citoyens. Qu'on arrête de stigmatiser des populations. La France doit sa construction aux immigrés, c'est une chose que beaucoup ont l'air d'oublier. Il faut faire cesser les discriminations. Récemment, le chercheur Fabien Jobard a prouvé qu'un jeune au teint hâlé a 15 fois plus de probabilités de se faire contrôler par la police qu'une autre personne. Même en étant né ici, on reste "enfant d'immigrés" ou "issu de l'immigration" mais on n'est jamais un Français tout court.
Par Noria AIT-KHEDDACHE
L'Express, le 01/03/2010