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Issac Mahaoui et Robou Tombo avaient leurs places réservées pour un aller simple pour Khartoum. C’était sans compter sur la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Saisie en urgence par France terre d’asile, la juridiction internationale a suspendu la procédure d’expulsion. En attendant une décision sur le fond, les deux hommes ne peuvent être expulsés, ils devraient être libérés prochainement.
Arrêtés au début du mois à Calais, treize Soudanais, qui se disent majoritairement originaires du Darfour, sont retenus au centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles depuis vingt jours, dans l’attente de leur probable expulsion. Vendredi dernier, leur rétention a été prolongée de quinze jours par un juge des libertés. L’association France terre d’asile, chargée de l’aide juridique à l’intérieur du CRA, a d’ores et déjà prévenu : « Nous saisirons la CEDH à chaque fois qu’un avion sera prévu », lance Pierre Henry, son directeur général.
A la préfecture du Pas-de-Calais, on précise que ces Soudanais sont « taiseux » ce qui complique beaucoup leurs reconduites à la frontière… « Ce mutisme réitéré est un obstacle à la mesure de reconduite, cela pourrait faire l’objet de poursuites judiciaires » précise Ivan Bouchier, directeur de cabinet du préfet du pas de Calais qui nie tout vol groupé programmé.
Joint par téléphone hier, Robou Tombo, sauvé de l’expulsion in extremis hier matin, raconte en arabe son parcours. Arrivé en France il y a un an, cet homme a fui la guerre civile qui ensanglante le Darfour depuis 2003. « Je suis venu en France pour fuir la guerre. Je suis menacé de mort là-bas. » Le droit d’asile ? Il n’en a jamais entendu parler. Tout comme il assure n’avoir jamais tenté de passer en Angleterre par le tunnel sous la Manche.
Pourtant au cabinet d’Éric Besson, on explique que ces hommes ont été placés en rétention pour leur propre « protection » ! Ils ont été interpellés pour « marquer la volonté des services de l’État de veiller à la sécurité de personnes qui auraient tenté de multiples intrusions à l’intérieur du tunnel sous la Manche ».
Aucune loi n’interdit à la France d’expulser vers des pays en guerre, mais il existe des périodes de tolérance. Ainsi, les reconduites vers le Soudan étaient presque à l’arrêt depuis des années, malgré quelques exceptions. Pour Jacky Mamou, la reprise des expulsions serait inacceptable : « Il n’y a pas de paix au Darfour, rappelle-t-il. Ces gens-là sont en danger, ils viennent ici chercher un refuge. »
Cette tentative intervient quelques jours après la réélection à la tête du Soudan d’Omar Al Bachir, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour.
Par Marie BARBIER (traduction Mustapha Hamdouche)
L'Humanité, le 29/04/2010