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Hier, les syndicats CGT de Paris ont mis un terme à l'occupation de l'annexe Eugène Varlin, rue Charlot, de la Bourse du travail de Paris. Rappelons que la Bourse était investie depuis le 2 mai 2008 par des travailleurs sans-papiers réclamant leur régularisation, à l'initiative de la Coordination 75 des collectifs de sans-papiers.
Nous prenons acte du communiqué de l'UD CGT, affirmant qu' « en tout état de cause, s'avérant sans effet sur les pouvoirs publics et le patronat, s'avérant surtout sans issue (...), cette pression insensée sur le mouvement syndical, et la CGT en particulier, ne pouvait durer. C'est pourquoi, les syndicats CGT de Paris ont décidé d'y mettre fin avec la certitude d'avoir tout tenté par le dialogue. »
Nous notons avec satisfaction l'engagement réaffirmé de la CGT auprès des personnes en situation irrégulière et son projet de continuer à travailler à leur régularisation.
France terre d'asile rappelle que, malgré les tensions sociales actuelles, le temps est venu d'inventer une solution apaisée. Il paraît essentiel et urgent que les divers acteurs : groupes de pression, syndicats et ministère de l'Immigration, trouvent les voies d'un compromis, permettant de régulariser les personnes qui ont vocation à l'être, sur la base de critères clairs, connus et homogènes (temps de résidence en France, possession d'un travail ou d'une promesse d'embauche, etc.). Cela aurait l'effet salvateur de clarifier la situation, et, surtout, d'éviter que des personnes demeurent dans la plus grande incertitude quant à leur avenir.
Ces critères, gages de l'impartialité des procédures, nous les réclamons avec force. Ils font, à ce jour, toujours cruellement défaut.
cp/ France terre d'asile - Paris, le 26 juin 2009
« Violences injustifiables » pour les élus Verts parisiens, intervention nécessaire pour la CFDT... Au lendemain de l'évacuation musclée de la Bourse du travail par la CGT, les réactions se multiplient. Alors que les sans-papiers ont décidé d'installer un campement sur le trottoir devant la Bourse, les questions restent nombreuses.
Vers 12 h 30, une quarantaine de membres de service d'ordre de la CGT entrent dans l'annexe de la Bourse du travail, rue Charlot (Paris 3e), pour déloger les sans-papiers qui l'occupent depuis plus d'un an. Ces syndicalistes sont « masqués pour se protéger de possibles violences », reconnaît Bernadette Citot, responsable de l'union départementale parisienne. Environ 150 sans-papiers étant partis manifester, une trentaine sont alors sur place. Famady Sylla, Guinéen de cinquante-neuf ans, est de ceux-là : « Ils ont gazé de la lacrymo partout. Certains portaient des lunettes de piscine pour se protéger. Moi, je suis tombé par terre et ils m'ont tapé. » Selon la Coordination des sans-papiers de Paris (CSP 75), les pompiers auraient transféré neuf personnes à l'hôpital, dont un enfant de trois ans. La CGT affirme, elle, qu'aucun gaz n'a été utilisé et qu'il n'y avait pas d'enfants dans le bâtiment. « Une dizaine de sans-papiers ont tout de suite quitté les lieux. Les autres se sont mis à balancer tout ce qui leur passait sous la main. Un camarade a été blessé à la tête. » Dans l'après-midi, les sans-papiers sont revenus, escortés par les forces de l'ordre, pour récupérer leurs affaires.
Le 15 mai 2008, à l'initiative de la CGT et de Droits Devant !!, les travailleurs sans papiers débutent un mouvement de grèves et d'occupations. Quinze jours plus tard, le 2 mai, plusieurs centaines de sans-papiers envahissent les locaux de la Bourse du travail. Sous la bannière du CSP 75, les occupants exigent la régularisation des travailleurs isolés, qu'ils estiment écartés par le syndicat. « La majorité des sans-papiers sont seuls dans leur entreprise et la CGT refuse de nous défendre, dénonce Adama Diomande. La régularisation par le travail est un échec. » Pas l'avis de la centrale qui revendique 2 000 cartes de séjour gagnées grâce au mouvement. Autre responsable de la situation : la préfecture, qui a conseillé aux sans-papiers venus déposer leur dossier d'aller voir directement avec la CGT. « Il y a beaucoup de manipulations, soupire Bernadette Citot. Le gouvernement et le patronat se régalent de cette situation. »
En quatorze mois d'occupation, 1 300 sans-papiers seraient passés par la Bourse du travail. Plusieurs centaines dorment sur place tous les soirs. Au début tolérée par les syndicats, cette cohabitation forcée devient rapidement invivable. En août, les occupants libèrent deux étages. Mais l'atmosphère reste extrêmement tendue et le dialogue s'interrompt. La CGT assure avoir « tout fait pour éviter d'en arriver là » : « Après plus de 200 heures de réunions (...), la CSP 75 a refusé toutes les propositions qui lui ont été faites. » La Coordination assure en revanche que le syndicat faisait de l'évacuation des lieux un préalable à tout dialogue. « La CGT nous a trahis », conclut Adama Diomande. Hier, France Terre d'asile a appelé à trouver urgemment une « solution humaine » pour les ex-occupants de la Bourse.
Marie Barbier, le 29/06/2009