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Paris, le 5 mars 2020
On sait à quoi a mené l'accord de 2016 par lequel l'Union européenne avait négocié une sous-traitance par la Turquie de l'accueil de la plus grande part des réfugiés syriens d'alors : des réfugiés bloqués en Turquie (3,6 millions), deux fois plus nombreux que ceux accueillis dans toute l'Union; l'oubli des principes fondamentaux du droit d'asile aux frontières de l'Europe; l'absence de toute tentative sérieuse de réponse collective européenne à une demande d'asile présente à sa porte.
On voit aujourd'hui que, face au rebondissement de la crise syrienne, la sous-traitance des responsabilités de l'asile a trouvé ses limites : la Turquie n'ira pas au-delà; elle nous expose même à un chantage, qu'on voyait d'ailleurs venir ; le reniement européen du droit d'asile, pas seulement aux frontières de la Grèce et de la Bulgarie, va peut-être franchir un pas de plus.
On doit, enfin, reconnaître, en Europe, ce que l'expérience nous a appris depuis 2015 : laisser à eux-mêmes les pays de première entrée, la Grèce aujourd'hui comme hier, l'Italie, l'Espagne de plus en plus, entraîne la révolte des électeurs; laisser d'autres pays jouer unilatéralement un rôle exemplaire, comme ce fut le cas de l'Allemagne ou de la Suède, est sans lendemain; tenter d’imposer à certains pays une solidarité à laquelle l'Histoire ne les a pas toujours préparés conduit à une impasse, comme on l'a vu avec les programmes de relocalisation.
Reste pourtant ce que pourrait faire une coalition de pays membres désireux d'agir ensemble, en particulier pour soutenir les pays-frontières, alors qu’une réponse unanime est hors d'atteinte : en présence d'une urgence humanitaire, mettre en œuvre non pas un surcroît de Frontex, mais un dispositif de protection temporaire à plusieurs; commencer par suspendre les transferts vers la Grèce des demandeurs d'asile "dublinés"; demander la mise en place de couloirs humanitaires en Syrie même.
C'est ce que recommandent aujourd'hui les associations de tous les pays européens, représentées par leur réseau ECRE. C'est la porte que devraient ouvrir les ministres européens de l'Intérieur, et ceux des Affaires étrangères, réunis successivement cette semaine en Conseil de l’UE, au lieu de se borner à renforcer les contrôles aux frontières.
Thierry Le Roy, Président de France terre d’asile