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Calais ou la faille des politiques d’asile en Europe
Depuis plus de 10 ans, Calais concourt au titre peu glorieux de capitale européenne de la fuite des responsabilités en matière d’asile et d’immigration.
Le tableau est connu de tous. Le Royaume-Uni se complait dans une position confortable et peu solidaire, à la fois hors du traité de Schengen mais signataire du Règlement Dublin. Il a même réussi le tour de force de faire de la France son garde frontière via l’accord du Touquet. L’Italie prend sa part dans l’accueil des migrants mais a tendance à leur indiquer la porte de sortie face à l’absence de solidarité des autres États européens. La France, quant à elle, se distingue à Calais par une politique aussi stéréotypée qu’inefficace, se résumant trop souvent au démantèlement des camps de fortune dès que les migrants deviennent trop voyants.
Mais de qui parle-t-on ? De Syriens, d’Afghans, d’Érythréens ou de Soudanais dont il n’est pas insensé de penser qu’ils relèvent dans leur grande majorité du droit d’asile et dont il incombe aux États de leur octroyer une protection, un titre de séjour et un accompagnement vers l’intégration. Or, à mille lieux des discours sur la nécessaire protection des réfugiés, notamment des chrétiens d’Irak, le drame calaisien est le fruit de ces politiques d’asile européennes obsédées par la dissuasion, la gestion des flux, le repli sur soi et oubliant au passage leur fonction première : octroyer une protection à ceux qui en ont besoin.
La politique de la « patate chaude » montre une fois de plus ses limites. Il est temps que chacun prenne ses responsabilités. Oui le défi est de taille et nous n’y répondrons pas en un jour ou par la simple création d’un centre d’accueil comme le propose Natacha Bouchart, Maire de Calais.
Nous formulions il y a quelques années une série de propositions :
- Mise en place d’une politique d’information volontariste sur le droit d’asile au plus près des migrants.
- Accès facilité à la procédure d’asile et examen souple des critères du règlement Dublin
- Hébergement immédiatement disponible pour tous ceux qui ont des besoins de protection internationale
- Examen souple des demandes de regroupement familial par les autorités britanniques et interprétation large de la notion de membre de famille.
Ces propositions restent plus que jamais d’actualité. Sans une volonté solidaire des États européens et une négociation ouverte avec le Royaume-Uni, rien ne se résoudra. Pour combattre la progression du populisme et ses solutions radicales, il faut un peu de courage et de lucidité.
Est-ce trop demander aux États membres ?
Pierre Henry, Directeur général de France terre d’asile
Paris, CP, France terre d'asile, le 28/08/2014