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« La situation calaisienne est le fruit d’un impensé européen, de l’égoïsme britannique et de l’abandon de la souveraineté française à travers les accords du Touquet de 2003. Qu’est-ce qu’il y avait dans la corbeille pour que la France et l’Europe acceptent un accord aussi asymétrique avec la Grande-Bretagne ? C’est ahurissant. De fait, on a avalisé la frontière britannique sur le sol français et cela fait de Calais une impasse. Mais immanquablement, si la route se ferme, les gens la contourneront. C’est une fatalité tant qu’on n’ouvrira pas une voie de migration légale. La priorité absolue doit se porter vers les gens qui fuient les pays en guerre comme la Syrie ou des dictatures comme l’Érythrée. Sauver ces gens, c’est l’honneur de l’Europe mais cela suppose la solidarité. »
« Sauf à vouloir déclencher une grave crise diplomatique avec la Grande-Bretagne, on ne peut pas laisser passer les migrants illégalement. Nos responsables politiques doivent se mettre au travail plus sérieusement. On ne se saisit pas de la question migratoire à coups de slogans. C’est un enjeu pour nos sociétés pour les trente prochaines années. On ne peut que revenir à la table de négociations dans un moment difficile avec la perspective d’un référendum britannique sur la sortie de l’UE. Nous avons une responsabilité commune. La Grande-Bretagne doit faire sa part du travail. »
« Il y a des enjeux économiques entre la Grande-Bretagne et la France. Notamment avec Calais, premier port de voyageurs en Europe, plus le tunnel. Mais aborder la question ainsi amène à l’impasse que nous connaissons. Il y a à Calais dix ans d’échecs des politiques publiques. Face à une situation structurelle, entre 500 et 3 000 migrants selon les saisons depuis vingt ans, on pourrait donner l’accès à l’eau, à des sanitaires, à un minimum de dignité. Qu’on ne me parle pas d’appel d’air, argument d’une pauvreté intellectuelle navrante. Aujourd’hui à Calais, les migrants vivent dans des conditions extraordinairement dégradées, est-ce que ça les empêche de venir ?
Face à ce défi – en un an et demi, 350 000 réfugiés passés en Europe par la Turquie ou la Libye –, il faut travailler collectivement. Sinon, nous vivrons le délitement de l’Europe et les chaos du monde ne nous épargneront pas. »
« On peut organiser à Calais une voie de migration légale au titre de l’asile, un bureau d’aide commun entre les Britanniques et les Français. On peut installer tout au long de la route migratoire en Europe des centres de petite taille, gérés au besoin par le HCR de l’ONU. Il faut réfléchir à la gouvernance, la sécurité, le développement, notamment en Afrique, mais sans pensée magique. Il faut réfléchir à notre politique étrangère bien souvent productrice de chaos et trouver des solutions politiques aux conflits en Syrie, Libye, ce cercle de feu qui entoure l’Europe. »
« L’Europe a remis des moyens maritimes pour sauver des vies. Mais chacun sait que les drames vont continuer. Car le chaos en Libye appelle une réponse politique. Il faudra faire le bilan de l’intervention de 2011 qui a certes abattu un dictateur mais en même temps les structures d’un État. Deux mille personnes sont mortes en Méditerranée depuis le début de l’année. On meurt beaucoup sur la route migratoire, dans le Sahel, dans le désert. Il y a eu dix morts en un mois à Calais. Une migrante sur deux est une femme avec des violences terribles. Il y a eu un nouveau naufrage mercredi, il y en aura d’autres en constatant l’impuissance de la communauté internationale. »
Olivier Berger, La Voix du Nord, le 09/08/2015