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Le chef de l'Etat a toujours affiché sa volonté de voir se développer l'immigration de travail. C'est, d'ailleurs, Nicolas Sarkozy qui a popularisé l'expression d'« immigration choisie ».
L'année 2009 a pourtant été marquée par une baisse sensible du nombre de titres de séjour délivrés pour raison professionnelle, à 27.966 contre 33.034 en 2008, soit une baisse de 15,3 %. La crise économique est la principale raison de cette décrue. Mais les difficultés de la France pour attirer les profils les plus qualifiés semblent demeurer. La « carte bleue » européenne, qui figure dans le projet de loi présenté la semaine dernière par Eric Besson, pourrait-elle inverser la tendance ? C'est ce que le ministère veut croire. Ce titre de séjour, valable dans les 27 pays de l'Union pour une durée de trois ans renouvelable, s'adresse aux étrangers titulaires d'un diplôme bac + 3 ou justifiant d'une expérience professionnelle d'au moins cinq ans. Sous réserve qu'ils puissent justifier d'un contrat de travail avec une entreprise française (ou européenne) dont la rémunération soit au moins égale à 1,5 fois le montant du salaire moyen brut du pays d'accueil.
Certes, comme l'a rappelé le ministre, le vivier est potentiellement important : « 25 % des étrangers entrés en France en 2009 pour de longs séjours disposaient d'un diplôme de l'enseignement supérieur. » Mais, parmi eux, tous ne viennent pas pour des motifs professionnels (étudiants, conjoints, etc.) Et, pour les autres, combien disposaient d'un contrat de travail dont le salaire atteignait au minimum 3.900 euros bruts mensuels ?
Par rapport à la carte compétences et talents, introduite en 2007 et dont le nombre de titulaires était de 469 personnes en 2009, la carte bleue européenne offre toutefois des conditions de regroupement familial plus favorables. Aucune condition de durée minimale de séjour n'est exigée pour pouvoir faire venir son conjoint et ses enfants. Le titre de séjour est de la même durée pour l'intéressé et les membres de sa famille. En outre, aucun délai n'est exigible au conjoint pour accéder au marché du travail. Enfin, en cas de situation de chômage involontaire, la carte bleue reste valable jusqu'à la fin de la période de trois ans.
Par Marie BELLAN
Les Echos, le 06/04/2010