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Pour de multiples raisons (...) de nombreux pays ferment leurs portes

Candidats à l'immigration s'abstenir...


Handicapés, séropositifs, voire "déviants sexuels"... Pour de multiples raisons, financières, sanitaires ou idéologiques, de nombreux pays ferment leurs portes.

Son combat continue: une famille française passera mardi prochain devant la Cour fédérale canadienne pour contester la décision des services de l’immigration qui lui refusent la résidence permanente en raison du handicap de sa fille. A l’issue de la procédure, cette famille devra soit quitter le territoire à expiration des visas temporaires, en 2011, soit passer à nouveau devant un agent de l’immigration.
Rachel, 7 ans, est scolarisée, pratique l’équitation, la natation, le piano… Mais parce qu’elle est atteinte de paralysie cérébrale, les services de l’immigration canadienne considèrent qu’elle pourrait représenter un "fardeau excessif" pour les services de santé et les services sociaux. "Nous nous battons contre une disposition très rétrograde complètement opposée à la tradition humanitaire du Canada", martèle le conseil de la famille, Me Stéphane Minson. Une loi également en contradiction avec les conventions internationales qui placent l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute préoccupation. "Retirez les enfants de l’application de cette loi", implore Me Minson.

 

Le Canada veut protéger son système de santé

Le père de Rachel, David Barlagne, est patron d’une entreprise spécialisée en sites Internet et en logiciels culturels. Comme il n’a de cesse de le répéter, il peut entièrement prendre à sa charge les dépenses liées au handicap de sa fille. Or, dans deux affaires qui font jurisprudence, la Cour fédérale a estimé "incongru" que les ressources permettant aux candidats à l’immigration d’être sélectionnés puissent ne pas être prises en considération lorsqu’il s’agit de décider de l’admission d’enfants handicapés.

 

Si la famille Barlagne, installée au Québec depuis cinq ans, devait obtenir gain de cause, Me Minson craint que l’agent de l’immigration devant lequel les parents repasseront ne tienne pas davantage compte de la capacité de ses clients à prendre en charge les dépenses liées au handicap de leur fille, comme le veut pourtant, depuis cinq ans, une circulaire administrative. D’autres familles sont ainsi passées à trois reprises devant la Cour fédérale sans voir leur situation régularisée pour autant. Le ministère de l’Immigration canadien ne souhaite visiblement pas ouvrir une brèche dans une loi protectionniste, arguant qu’il s’agit avant tout, pour le Canada, de protéger son système de santé.

"Un handicapé est considéré comme un poids économique"


Bien que peu répandue, cette discrimination à l’immigration n’est pas exceptionnelle. L’Australie écarte de la même manière les candidats risquant de représenter "un coût excessif" pour les services de santé et les services sociaux. L’Argentine en fait autant. Ainsi que l’Equateur, encore plus discriminant puisque ce pays va jusqu’à interdire d’accès à son territoire les personnes présentant des "déviances sexuelles". L’ampleur des restrictions concernant les porteurs du VIH est également préoccupante. Actuellement, 57 pays –parmi lesquels figure notamment la Pologne– ne délivrent pas de visa long séjour aux personnes séropositives; 12 leur interdisent même l’entrée sur leur territoire, notamment la Russie, la Chine, l’Arabie saoudite, l’Irak. Les Etats-Unis sont sortis de cette liste noire le 4 janvier.

 

Alors que les lois sur l’immigration tendent à se durcir en Europe, en France en particulier où l’on parle de plus en plus d’immigration choisie, le "modèle" canadien prend une dimension préoccupante. La triste histoire de Rachel pose également la question de la discrimination liée au handicap. "Dans une société comme la nôtre, un handicapé est considéré comme un poids économique", lance Jean-Marc Boivin, de Handicap International, qui fustige la duplicité de la classe politique. "Or ramener quelqu’un à ce qu’il coûte pour la collectivité, c’est une insulte à la dignité humaine, d’une violence inouïe."

 

Par Christel DE TADDEO

JDD, le 25/02/2010