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Naufrages en Méditerranée. Camps de fortune livrés à la loi des passeurs. Traite des êtres humains. L'Europe n'en finit plus d'être le théâtre des drames de l'immigration irrégulière.
Les frontières de l'Union européenne sont confrontées à une pression sans précédent des filières d'immigration clandestine. 175 000 franchissements irréguliers de ces frontières ont été enregistrés en 2008. Ces données de l'agence européenne Frontex, en hausse de 25 % par rapport à l'année précédente, indiquent bien la tendance : celle d'une activité croissante des passeurs, nouvelle mafia des temps modernes, qui exploitent la misère et les grands déséquilibres du monde.
De l'Asie centrale et du Moyen-Orient aux ports de Patras, en Grèce, et de Calais, en France, du continent africain jusqu'aux côtes espagnoles, italiennes et maltaises : les routes internationales des filières sont bien connues. Elles dessinent chaque jour un peu plus un défi à l'échelle de l'Europe. Ce défi, l'Union européenne doit le relever par des politiques communes. Sans angélisme, mais avec fermeté et humanité.
Nous le devons d'abord aux citoyens européens, parce que cette situation intenable menace l'un des plus formidables acquis de la construction européenne : la libre circulation des personnes. L'espace Schengen constitue la réalisation la plus concrète du projet européen. Chaque jour, des millions de personnes se déplacent sans entrave et réalisent le rêve des pères fondateurs de l'Europe.
Mais cet acquis est fragile. L'espace Schengen ne doit pas devenir l'Europe des passeurs. Un tel détournement du projet européen condamnerait l'Union européenne au réveil des populismes.
Qu'on n'y prenne garde, et nos modèles d'intégration seront aussi remis en cause. Pour bien intégrer, il faut pouvoir bien accueillir. On ne peut vouloir plus d'intégration sans maîtrise des flux migratoires. Le «vivre-ensemble» ne se décrète pas : il se construit chaque jour par des politiques structurées d'apprentissage de la langue du pays d'accueil, d'accès au logement, à la formation et à l'emploi.
Parce que nous voulons une société généreuse, solidaire et ouverte au monde, nous refusons le fatalisme. Nous ne baisserons pas les bras. Nous voulons une politique européenne d'immigration et d'asile juste et équilibrée.
Cette politique n'est ni de gauche ni de droite : elle est celle qu'attendent les citoyens européens et que les États membres de l'Union européenne se sont engagés à mettre en œuvre en adoptant le pacte européen sur l'immigration et l'asile en octobre 2008. Le pacte nous engage à agir ensemble pour lutter contre les filières d'immigration irrégulière, pour organiser et favoriser les migrations légales, et pour construire des programmes de solidarité avec les pays d'origine des migrants. Pour reprendre l'expression judicieuse de Jacques Barrot, vice-président de la Commission européenne, il est temps de «passer du pacte aux actes ».
Contre les filières d'immigration irrégulière, nous appelons au renforcement du contrôle de nos frontières extérieures. Nous proposons que l'Union européenne se dote enfin d'une police aux frontières européenne, complément indispensable à la libre circulation instituée dans l'espace Schengen. Cette police européenne n'a bien sûr pas vocation à remplacer l'action des corps de gardes-frontières nationaux. Elle devra appuyer les États partout où l'Europe fait face à une pression exceptionnelle des filières. Elle favorisera la mise en commun des moyens et les actions conjointes pour démanteler les réseaux de passeurs.
L'Union européenne a créé en 2005 l'agence Frontex pour remplir cette mission. Frontex a depuis lors multiplié les opérations, notamment en Méditerranée. Il faut maintenant lui donner les moyens de renforcer son action.
• Nous proposons que Frontex soit dotée d'une doctrine d'engagement tournée vers l'interception et la reconduite, en particulier pour les opérations maritimes en Méditerranée, en étroite coopération avec les États de départ des embarcations, dans le respect de nos engagements internationaux en matière d'asile.
• Nous devons exiger de la Turquie qu'elle surveille sa frontière avec la Grèce, par laquelle transite la moitié des flux d'immigration irrégulière entrant dans l'espace Schengen, et qu'elle accepte les réadmissions sur son territoire. Cela doit faire pleinement parti de son processus de rapprochement avec l'Union européenne.
• Nous proposons que Frontex acquière des capacités conjointes de reconduite à la frontière au niveau européen.
• Nous croyons qu'une telle politique, conjuguée à de nouveaux efforts d'aide publique au développement, est en mesure de mettre à mal durablement les filières d'immigration irrégulière.
• Nous proposons également d'accélérer nos efforts pour bâtir l'Europe de l'asile. Nous le devons d'abord aux migrants persécutés, qui doivent pouvoir trouver dans l'Union européenne une terre d'accueil. Nous sommes fiers de notre tradition d'asile, qui est au cœur du pacte européen. Comment dénoncer une Union européenne prétendue forteresse quand ses États membres ont reçu 65 % des demandes d'asile présentées dans les pays industrialisés au premier semestre 2009, et quand la France se classe deuxième au monde, avec une hausse de plus de 20 % de ces demandes ?
L'harmonisation de nos politiques d'asile est aussi nécessaire pour lutter contre leur détournement par les filières d'immigration clandestine, qui tirent profit de nos différences de régime pour contourner nos règles.
Les 29 et 30 octobre prochain, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne ont l'occasion de prendre les décisions courageuses qu'impose la lutte contre les filières d'immigration irrégulière. Le président Nicolas Sarkozy est déterminé à ce que le Conseil européen ne rate pas ce rendez-vous. L'Europe ne peut plus attendre.