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Quelle place pour les sans-papiers en Suisse? Cette question a été au cœur d'un débat organisé début mai à Genève. Certains migrants clandestins, en Suisse, souffrent en effet d’un vide juridique qui les contraint à vivre "dans un angle mort", selon l’expression de Djemâa Chraïti, écrivain suissesse aux origines tunisiennes.
Ceux dont la demande d’asile n’a pas pu être considérée (faute de présenter tous les documents requis pour le dossier ou de ne remplir pas les conditions exigées), explique-t-elle, les candidats à l’asile se voient attribués une "non entrée en matière" (NEM) et doivent quitter la Suisse. Ceux qui ne le font pas se trouvent contraints de vivre dans un vide juridique.
Djemâa connait bien la situation des immigrants illégaux. Son roman Les clandestins de ma grand-mère est basé sur les témoignages de Colombiens sans papiers à Genève.
A présent, elle se tourne vers la foule multiculturelle du Pâquis, un quartier de Genève plein de vie, dont le mixage culturel se devine aux façades des restaurants exotiques, pour en dresser un tableau social sous forme littéraire.
Ses personnages sont notamment imaginés à partir de ses conversations avec les dealers qualifiés non entrée en matière (NEM) qui vendent de l’herbe dans le quartier.
Dealer, faute de mieux
Ces dealers ont une mauvaise image auprès des Genevois. On les accuse de profiter du système, d’être responsables d’une augmentation de l’insecurité dans la ville. Pour permettre à ses lecteurs de connaître vraiment ceux qui essuient ces reproches, Djemâa leur propose sur son blog d’envoyer les questions qu’ils aimeraient poser aux dealers.
Lors de ses rencontres avec eux, au cours d’entretiens informels improvisés sur le trottoir, elle leur transmet ces questions. Pour leur part, ils se défendent en affirmant avoir quitté leur pays dans l’espoir de s’intégrer en Suisse avec un " vrai" travail. Dealer n’est pas un choix, mais une activité pratiquée faute d’options.
Victimes ou coupables, ils traînent dans ce vide juridique: dès qu’ils sont déboutés, la Suisse ne s’en occupe plus. S’ils n’ont pas les moyens ou l’envie de rentrer dans leur pays d’origine, ils cherchent un travail au noir. Quelques uns optent pour le marché parallèle des drogues, tombant alors dans une double illégalité.
Flou juridique
Drôle de situation pour ces migrants, pas toujours forcés de partir – notamment dans les cas où le renvoi serait contraire aux engagements de la Suisse en droit international – mais pas pour autant reconnus juridiquement.
"La Suisse se prétend très humaniste, alors on laisse ce flou juridique", accuse Djemâa, pour qui cette prétendue neutralité s’approche de la maltraitance. "On ne peut pas se déreponsabiliser", conclut l’auteure.
Par Maria Alice STOCK
Youphil, le 07/05/2010