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Afghanistan, Pakistan, Irak, Soudan, Palestine… La liste des lieux de conflits est longue, et encore plus longue est la liste des réfugiés. Ils seraient 40 millions dans le monde et leur nombre ne diminue plus, les problèmes environnementaux, le manque de ressources et l'extrême pauvreté amenant de plus en plus de monde à fuir leur pays. Rencontre avec le Portugais António Guterres, Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés.
Votre premier mandat en tant que Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés touche à sa fin. De quelles évolutions avez-vous été le témoin pendant ces cinq années ?
António Guterres : Au début, nous avons observé une baisse continue du nombre de réfugiés chaque année. Mais les deux dernières années, avec la reprise de conflits et le retour de l'insécurité dans les zones où la paix avait été établie, le nombre de réfugiés et de personnes déplacées s'est stabilisé voire a connu une légère progression.
Malheureusement, le nombre de personnes que nous avons aidées à rentrer volontairement chez eux, dans des conditions dignes et sûres, a diminué dramatiquement. Cela est notamment dû à la situation en Afghanistan, dans le Sud du Soudan et en République démocratique du Congo.
On estime à 40 millions le nombre de déplacés et à 10 millions le nombre de personnes vivant dans des camps de réfugiés, parfois depuis des années. Quels sont les conséquences des déplacements à long terme ? Y a-t-il une solution « durable » à la détresse de ces gens ?
AG : Le nombre de personnes qui ont pu quitter le pays dans lequel ils avaient demandé l'asile et rentrer chez eux a augmenté de façon significative. Nous soutenons fortement le programme européen de réinstallation. Nous voyons également de plus en plus de pays qui intègrent les réfugiés. La Tanzanie vient juste de donner la nationalité tanzanienne à 60 000 Burundais.
Malheureusement, le nombre de personnes que nous avons pu aider à rentrer chez eux a baissé. La situation de certains réfugiés dure et crée des problèmes énormes, notamment dans les camps. Vivre dix, vingt ans avec des restrictions dans ses déplacements, des ressources limitées, sans accès à une éduction secondaire… Toute cette souffrance devrait mettre la communauté internationale sous pression pour trouver des solutions.
En ces temps de crise économique, l'attitude des gens se durcit. Dans le même temps, les conflits et le changement climatique poussent de plus en plus de personnes à se déplacer. Comment résoudre une telle équation?
AG : Il y a en effet une tendance assez claire. Les migrations provoquent des réactions plus négatives pendant les crises économiques. Il y a deux boucs émissaires : les gouvernements et les étrangers.
Ces attitudes négatives provoquent une réduction des espaces d'accueil pour les réfugiés. C'est une grande inquiétude pour nous.
En même temps, nous observons de nouvelles tendances en termes de déplacements forcés de populations. Avant, un réfugié était quelqu'un qui fuyait des persécutions ou un conflit. Aujourd'hui, on a de plus en plus de gens qui fuient du fait de problèmes environnementaux ou de l'extrême pauvreté.
Tous ces facteurs sont de plus en plus interdépendants. Il manque une stratégie et des instruments appropriés de la part de la communauté internationale. Mais j'espère que l'année prochaine, à l'occasion de l'anniversaire de la convention sur les réfugiés de 1951, nous pourrons provoquer un grand débat international sur ces nouveaux défis.
La question d'un partage des coûts d'accueil des réfugiés fait aujourd'hui débat entre les Etats européens. Que fait l'Europe pour aider les réfugiés ?
AG : L'Europe est toujours un important contributeur en termes d'asile. Malheureusement, malgré l'espace unique européen, nous n'avons pas de système d'asile européen qui fonctionne. On le construit mais très doucement. Nous nous trouvons toujours face à une mosaïque de systèmes nationaux différents, ce qui cause de gros dysfonctionnements.
A mon sens, c'est mauvais tant pour la protection des gens que pour les intérêts de l'Union européenne. Nous soutenons fortement les propositions de la Commission européenne (sur, entre autres, l'accueil des réfugiés et les procédures administratives, ndlr). Nous appelons les Etats membres à s'unir et à comprendre la nécessité d'une véritable harmonisation. Dans ce cadre, le partage des coûts est effectivement un élément important.
Le Parlement européen, le 29/04/2010