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Publié le : 09/06/2015
Communiqué de presse
Au-delà des postures et agitations diverses, l’évacuation du « sous-camp » de la Chapelle, malgré les critiques qui lui sont adressées, a tout de même permis à 160 demandeurs d’asile d’être protégés de manière durable, dont 62 ont d’ores et déjà été reconnus réfugiés statutaires, et à 70 personnes vulnérables d’être prises en charge par la Mairie de Paris.
Toutefois, cette évacuation rappelle aussi que de nombreuses personnes entrées dans la procédure d’asile mettent plusieurs mois à obtenir un rendez-vous en préfecture en raison du manque de moyens attribuée à celle-ci, et plusieurs mois pour accéder à un hébergement et à un accompagnement spécialisé à cause d’une procédure trop longue et faute de places suffisantes. On estime à plusieurs milliers le nombre de personnes isolées qui n’ont pas accès à une structure spécialisée. L’argument selon lequel le versement de l’allocation temporaire d’attente permet de pallier à cette insuffisance de place est à relativiser, compte-tenu du montant alloué et là aussi de la difficulté d’accès.
Cette situation n’est pas nouvelle, et dure depuis des années sans que cela n’émeuve véritablement beaucoup de monde. Ce que révèle l’évacuation de la Chapelle, au-delà de certaines orientations hasardeuses vers des hébergements de courte durée, c’est que des personnes fuyant des situations de guerre (Érythrée, Soudan, Somalie, Syrie, etc.), ne maitrisant pas notre langue, ont besoin d’explications et d’accompagnement pour comprendre les arcanes fort complexes de notre législation en matière de droit au séjour et d’accès à l’asile.
On ne répond pas à ces besoins par des démonstrations de force. On ne répond pas à ces besoins par des slogans. Il est toujours possible de contester notre argumentation en indiquant que cela ne répond pas à la situation de tous les migrants. Cela est vrai mais nous devons être capables de dégager des priorités, des lignes fortes et de traiter tout le monde avec dignité, même si des statuts différents se font jour. Mais il faut alors poser des bonnes questions et au bon endroit, interroger le manque de solidarité des politiques européennes qui laissent le plus souvent l’Italie et les pays ayant des frontières extérieures exposées à l’arrivée de nombreuses personnes.
Sans solidarité, des mouvements migratoires secondaires se font jour dans toute l’Europe et provoquent errance et désordre. Voilà pourquoi il faut appliquer le plan de la Commission européenne, qui est un plan a minima. Les bonnes questions, il faut aussi les poser à la Grande-Bretagne qui externalise sa politique migratoire et d’asile sur notre sol. Les bonnes questions, il faut les poser aux budgétaires qui trouvent toujours que l’asile est trop cher alors que ce sont les réactions dans l’urgence qui sont très onéreuses. Les bonnes questions, il faut les poser à certains gouvernements de pays sources de migrations en matière de gouvernance, de sécurité et de développement.
Oui il faut un plan d’urgence pour les demandeurs d’asile et une réponse adaptée à l’ampleur de cette crise qui n’est pas nouvelle.
Pierre Henry, Directeur général de France terre d’asile