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Publié le : 29/07/2013
"La salle des fêtes de Cidaun est désormais une morgue et un endroit rempli de désespoir." Le Daily Telegraph s'est rendu dans ce village de pêcheurs situé sur la côte sud de l'Indonésie, où sont arrivés les 157 rescapés du naufrage d'un bateau transportant entre 175 (selon la police) et 250 (selon des témoins) migrants, mais aussi les corps des victimes. 9 personnes seraient mortes, selon un bilan provisoire, et plusieurs sont encore portées disparues.
Le navire était parti de Jayanti, une plage proche du village, le 23 juillet au matin et avait commencé à prendre l'eau dès son départ. Il aurait coulé vers 17 heures. Les migrants, la plupart iraniens et sri-lankais, prenaient la direction de Christmas Island, une île australienne de l'ocean Indien.
Ce drame survient dans un contexte de politique migratoire tendu en Australie, le gouvernement ayant décidé la semaine dernière de ne plus garder un seul réfugié sur son sol. "A compter d'aujourd'hui, plus aucun demandeur d'asile arrivant par bateau sans visa ne restera en Australie", avait annoncé Kevin Rudd, le 19 juillet.
Le Premier ministre australien a passé un accord avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui accueillera tous les réfugiés dans des centres en échange d'un financement pour rénover ses routes et ses universités. Les migrants pourront rester "indéfiniment" dans ces centres, jusqu'à l'acceptation de leur dossier ou leur renvoi vers leur pays d'origine. A l'annonce de cette décision, des centaines de migrants se sont mutinés dans un centre de détention de l'île de Nauru (Pacifique). Selon The Herald Sun, 145 réfugiés ont pris le pouvoir et incendié le bâtiment avant d'être maitrisés par les forces de police, aidées par "un millier de villageois armés de machettes et de barres de fer".
Le durcissement politique du gouvernement est également critiqué par certains médias australiens, qui n'y voient qu'une manœuvre pour inverser la courbe des sondages avant les élections fédérales du 14 septembre, pour lesquelles les travaillistes au pouvoir sont donnés perdants. Pour The Age, avec cette décision, Kevin Rudd "tombe le masque [...], il fera tout, dira tout, écrasera n'importe quel principe, s'il pense que cela le maintiendra au pouvoir".
Le gouvernement a fait le pari que sa décision ne passerait pas devant les tribunaux avant les élections et ne serait ainsi pas désavouée par la justice. "Il ne pense qu'en termes de semaines et veut juste passer la ligne, gagner l'élection et nettoyer le bazar après coup", dénonce le quotidien de Melbourne. The Telegraph conteste lui aussi ce durcissement, mais pour des raisons différentes. Le quotidien conservateur considère cette mesure comme "une simple annonce, du bla-bla". Il cite une chômeuse, elle-même fille de migrants italiens, très remontée contre les nouveaux arrivants : "Ils vont les renvoyer en Papouasie. En un sens, c'est bien. Mais ce n'est pas ça qui me fera trouver du boulot." Pour le journal, si Rudd pense que son bilan "sera oublié dans l'isoloir, il va reçevoir une grande claque".
Courrier international, le 29/07/2013