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Publié le : 23/09/2019
Il y a 170 ans, Hugo monte à La Tribune de l’assemblée nationale pour interpeller ses pairs sur la nécessité d’éradiquer la misère, alors terriblement présente dans les faubourgs de la capitale. Il les secoue et leur enjoint de mener la bataille culturelle « vous n’avez rien fait » tonne-t-il.
Nous voici en septembre 2019, ils sont des milliers, 6 000 sans doute à Paris. Invisibles pour la plupart, migrants pour beaucoup, vivant dans la fange, les excréments, l’urine, au milieu des rats. Au même moment, d’étranges propositions se font jour, censées alimenter et éclairer un débat sur l’immigration à l’assemblée nationale : il faut supprimer le droit du sol disent certains, réduire le regroupement familial affirment d’autres, modifier les conditions d’accès à l’Aide Médicale d’État disent les troisièmes. Bref, il faut tout faire pour diminuer « l’attractivité » de notre territoire affirment ces voix, et lutter contre des comportements qualifiés d’abusifs.
Peu importe que le droit de vivre en famille soit un droit constitutionnel, que le droit du sol -d’ailleurs sous conditions- soit un élément de stabilité, que l’AME soit un outil de santé publique indispensable dont les bénéficiaires seraient responsables d’une vaste fraude qui, en réalité, n’affecte la caisse nationale d’assurance maladie que pour 0,3 %, ni que ces trois thèmes réunis soient l’objet de fausses rumeurs propagées par les populistes.
Rien n’y fait. Le plus simple chemin emprunté est celui qui emmène vers la rhétorique des populistes. Le chef de l’État a-t-il dit un jour récent « je ne veux voir personne à la rue »? A t- Il estimé un moment que l’Allemagne avait sauvé l’honneur de l’Europe ? A-t-il affirmé combattre la concurrence des pauvretés ? Toujours est-il que la figure du migrant est devenue le bouc émissaire commode de l’incapacité collective des États membres à penser en solidarité et en cohérence, par exemple les migrations de rebond, ou encore le sort des déboutés de l’asile pour beaucoup non éloignables !
Nous pouvons bien l’avouer : nous avons souvent, ces derniers temps, eu honte pour notre pays qui laisse tant et tant de personnes à la rue, les 4/5 de celles et ceux qui contactent quotidiennement le 115, jeunes, travailleurs pauvres, migrants.
En responsabilité nous savons que les sujets que nous portons requièrent une volonté politique sans faille et surtout la nécessité d’agir et de penser ensemble, acteurs institutionnels, collectivités locales, associations, citoyens et usagers pour sortir de l’immense crise de sens que nous traversons sur les questions des personnes à la rue, qu’elles soient victimes de ruptures familiales ou sociales ou de parcours migratoires dramatiques.
C’est parce que cette volonté apparaît pour le moins vacillante que nous appelons et entendons participer à l’organisation d’une conférence de consensus dès les prochaines semaines. Il s’agit pour nous de sortir du cynisme comme de la tentation du rejet, de l’instrumentalisation de la concurrence des précarités, pour trouver les compromis qui permettent l’intégration et l’accueil digne. Et par cette méthode, parce que nous n’avons encore « rien fait », de permettre à l’ensemble des acteurs d’agir ensemble.
Pierre HENRY, Directeur général de France terre d’asile
Bruno MOREL, Directeur général d’Emmaüs Solidarité
Eric PLIEZ, Président du Samu social
Florent GUEGUEN, Directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité
Le Parisien, le 22 septembre 2019