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Publié le : 09/08/2018
Un vaste trafic d'êtres humains vient d'être démantelé en France et en Espagne. Sept personnes ont été arrêtées, soupçonnées d'avoir fait entrer clandestinement en France 350 réfugiés africains. Pierre Henry, directeur général de l'association terre d'asile, s'est félicité de ce démantèlement mercredi 8 août sur franceinfo. Pour lui, cette situation prospère parce qu'il s'agit d'un "trafic très rémunérateur".
Pierre Henry : Je m'en félicite. Il faut absolument craquer ces différents réseaux qui prospèrent sur la misère et la crédulité d'un certain nombre de personnes et il faut souhaiter que les victimes soient protégées. La traite des êtres humains désigne le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement ou l'accueil d'êtres humains par la menace ou le recours à la force. L'exploitation comprend aujourd'hui, outre l'exploitation sexuelle, le travail, les services forcés, l'esclavage, la servitude et même le prélèvement d'organe. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que c'est un trafic qui est très rémunérateur. Après le trafic de drogue et la contrefaçon, la traite des êtres humains générerait à l'échelle mondiale un profit de près de 32 milliards de dollars par an.
Ce sont des gens qui considèrent qu'il est plus rémunérateur de se livrer à des trafics d'êtres humains qu'à d'autres trafics, parce que c'est moins coûteux pénalement et plus rentable financièrement. Ça peut aller de l'entreprise familiale aux réseaux très organisés. Plus les routes taxées aux territoires européens sont difficiles, plus ces trafics vont exister et proliférer. Sur le papier, le Code pénal prévoit en France des peines de prison allant de 5 à 20 ans en cas de crime en bande organisée. Sauf que les dernières sanctions que nous avons vues s'établissent à environ 3 ans de prison. C'est très peu, et ça renvoie au statut de la victime. Évidemment qu'il faut traquer les passeurs, mais il faut aussi protéger les victimes, et nous en sommes au balbutiement en France et en Europe.
Le coût d'un passage est relativement onéreux. À partir de là, la personne va devoir rembourser à un taux d'usure, c'est à dire que si le passage a couté 10 000 euros, la personne va devoir rembourser 40 000 euros, et le remboursement ne peut se faire qu'à travers un certain nombre d'activités, de travail, de mendicité organisée, de prostitution. Je rappelle que ce sont surtout des femmes qui sont victimes de traite. L'ONU estime que 84% des victimes de traite dans le monde sont d'abord des femmes.
France Info, le 8 août 2018