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Que deviennent les anciens migrants de Calais ?

Publié le : 29/11/2016

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Les migrants évacués il y a un mois sont toujours dans les centres d’accueil et d’orientation (CAO). Mais l’inquiétude est grande sur le sort des exilés dits « dublinés », ainsi que des mineurs isolés.

 

mur de Calais
La police et le mur anti-migrants ont pris la place de la « jungle » à Calais. / PHILIPPE HUGUEN/AFP

 

Un mois après le démantèlement de Calais, que sont devenus les migrants évacués vers les centres d’accueil et d’orientation ? « Il y a eu globalement très peu de départs, la plupart sont toujours dans les CAO », assure Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii).

« Le gros de ceux qui sont allés en CAO voulait faire une demande d’asile, donc ils sont restés, confirme Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56, une des associations de bénévoles mobilisées autour des exilés. Par contre, on sait très bien qu’un certain nombre ne sont pas montés dans les cars et continuent de se cacher sur la côte ici et là, dans l’espoir de partir plus tard vers l’Angleterre. Mais ils ne se comptent pas par milliers. »

 

La vie s’organise

Dans les CAO, où il est prévu que les exilés restent en moyenne six mois, le temps de faire les démarches, la vie s’organise. « On n’a pour l’instant pas eut de remontées de problèmes très importants, rapporte Loan, un des coordinateurs de la plateforme Info CAO, créée par l’Auberge des migrants et Utopia 56. En revanche, il y a des CAO qui sont ouverts aux associatifs et d’autres où on ne sait absolument rien. »

Au centre de Chaumont (Haute-Marne), qui a reçu le 9 novembre quelque 50 exilés du Soudan, d’Érythrée ou de Somalie, venus du camp parisien, « les choses se passent bien avec la population, il n’y a pas eu de mouvement anti-migrants, explique Didier Bednarek, le directeur du Cada et du CAO gérés par France terre d'asile. On a fini le suivi médical et on commence les entretiens individuels pour savoir s’ils veulent faire une demande d’asile. »

 

La promesse de ne pas renvoyer les « dublinés »

C’est là que les choses se compliquent. Ceux qui veulent faire cette démarche doivent en effet s’enregistrer à la préfecture. À partir de cette inscription, l’Ofpra s’est engagée, en ce qui concerne les évacués de Calais, à instruire la demande d’asile sous trois mois. Avec un certain espoir d’obtenir un statut puisque pour les Afghans, les Soudanais et les Érythréens, les trois nationalités les plus présentes, « le taux de protection atteint 70 % contre 36 % en moyenne », précise Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra.

Mais, détail déterminant, ceux qui vont s’inscrire à la préfecture doivent donner leurs empreintes, de façon à vérifier si celles-ci ont déjà été enregistrées dans le fichier européen Eurodac. Ce qui serait le cas de 60 à 80 % des évacués, selon les sources.

Or, conformément aux accords de Dublin, ceux-là doivent être renvoyés vers le pays où ces empreintes ont été prises, souvent l’Italie, la Grèce ou la Turquie, pour y faire leur demande. Ce qu’aucun migrant ne souhaite. Pour qu’ils acceptent de quitter Calais, le ministère de l’intérieur a donc promis fin septembre aux associations de ne pas renvoyer les « dublinés » qui acceptent d’aller en CAO.

 

« Des convocations en préfecture » incompréhensibles

La promesse, qui ne concerne pas les évacués du bidonville de Paris, serait-elle en train de s’égarer ? « Ce qu’on sait, c’est que certains migrants se voient notifier des placements en procédure Dublin, avec des convocations en préfecture cette semaine pour mise à exécution », s’inquiète Marie Hénocq, coordinatrice de la Cimade Bretagne Pays de la Loire, qui précise que « c’est le cas de 24 des 47 migrants du CAO du centre-ville de Rennes ».

Au ministère de l’Intérieur, on martèle que, notification ou pas, « il n’y aura pas de dublinage des migrants de Calais qui sont en CAO. » Mais sur le terrain, c’est l’incompréhension. « On a dit aux gens qu’ils ne seraient pas dublinés et ils reçoivent des notifications, c’est incompréhensible ! », s’alarme Yann Manzi, qui ajoute qu’« il y a un risque que certains quittent les centres de peur d’être expulsés et reprennent la route migratoire ».

 

Des mineurs isolés dans l’attente

La crainte existe aussi concernant les mineurs isolés envoyés de Calais dans des CAO pour mineurs. L’immense majorité d’entre eux souhaite rejoindre des proches en Grande-Bretagne. Promesse leur avait été faite que le Home Office britannique viendrait rapidement examiner leur dossier. Et que « tous les mineurs isolés présents à Calais dont les attaches familiales sont établies » seraient accueillis en Angleterre, selon la formule du ministre Bernard Cazeneuve. Depuis la mi-octobre, un peu plus de 300 auraient passé la Manche. Mais à la mi-novembre, Londres a semblé durcir ses conditions.

 

Par Nathalie Birchem, La Croix, le 23/11/2016