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Publié le : 14/01/2014
Marie vivait avec sons fils de deux ans et le père de son fils quand elle a été arrêtée et emprisonnée. Deux semaines plus tard, Marie a été relâchée car la mère d’un enfant ayant un permis de séjour ne peut être éloignée. (Son compagnon et son fils ont tout les deux un permis de séjour permanent ; Marie est la seule encore sans papier.) Le fils de Marie a été traumatisé par la séparation avec sa mère. Les procédures de régularisations ont échoué. Pour demander le regroupement familial elle doit retourner au Congo. Mais peut-on demander à la mère d’un si jeune enfant (qui n’a pas la nationalité congolaise) de rentrer au Congo ? Il n’y a aucune garantie de réussite et on ne sait pas exactement combien de temps cela prendrait avant quelle soit réuni avec son fils et son compagnon. Aussi longtemps que les procédures resteront telles qu’elles, Marie restera sans papier et par conséquent, elle et sa famille continueront à vivre de manière instable.
Mes études m’ont amené en Belgique en 2001. Aussitôt après ma remise de diplôme, on m’a proposé un contrat d’embauche dans une maison de retraite, où j’ai travaillé jusqu’à fin 2008. J’ai aimé travailler là-bas, mais mon titre de séjour a expiré et la commune a refusé de me le renouveler.
À la même époque, j’ai également rencontré mon compagnon, il est angolais mais a un titre de séjour permanent. Nous avons déménagé à Anvers comme il avait un travail proche de la frontière hollandaise, et nous avons demandé à ce que je me fasse régulariser. En 2010 nous avons eu un fils. Malheureusement, les conditions de vie dans notre appartement n’étaient pas adaptées pour un enfant, en fin de compte nous avons été forcés de redéménager dans un plus petit village comme nous ne pouvions pas nous offrir un véritable logement en ville. À cause de la distance mon compagnon a dû abandonner son travail. Pendant longtemps nous n’avons pas entendu parler de ma de ma demande de régularisation. Grâce à un organisme pour les migrants sans papiers nous avons finalement découvert que ma requête avait été rejetée car, comme nous avions déménagé à la même période, le bureau de l’immigration pensa alors que nous ne vivions pas à l’adresse que nous avions donnée.
La pression financière grandissait. Mon compagnon ne pouvait pas trouver un CDI et dû prendre des jobs de courtes durées. Son revenu n’était plus suffisant pour nous supporter financièrement tout les trois, donc j’ai pris un job en tant que travailleuse agricole en utilisant les papiers de quelqu’un d’autre. En septembre 2012, je me suis faite arrêter au travail. C’était extrêmement humiliant ; j’avais l’impression d’être une criminelle. Ils m’ont amenée dans un centre de rétention près de l’aéroport. Tout ce qui m’a été dit était que le travail non déclaré était illégal en Belgique, mais à part ça – rien.
C’était affreux. Le centre en lui-même était bien, les gens étaient sympathiques, mais je ne me sentais pas bien du tout. Je suis restée là-bas pendant deux semaines, mais s’ils m’avaient gardé là bas un mois de plus, je serais morte. Tout ce que je faisais, c’était m’inquiéter, je ne pouvais pas manger, je ne pouvais pas dormir… Mon fils me manquait et j’étais effrayée qu’ils me renvoient au Congo sans lui étant donné qu’il avait un titre de séjour belge. Le simple fait d’y penser me rendait malade. Vous n’avez aucune idée de ce qui va vous arriver, les avions qui décollent vous rappellent que vous pourriez être renvoyée d’un instant à l’autre. Tout semblait possible et s’était terriblement, terriblement stressant.
Après deux semaines, mon avocat appela et me dit que le bureau de l’immigration avait décidé de me relâcher. Je ne me rappelle pas que qui que se soit m’ait expliqué pourquoi. J’étais tellement heureuse d’avoir à nouveau mon fils avec moi. Comme s’était toujours moi qui m’occupais de lui, il avait été vraiment perturbé par mon absence. Il dormait à peine et pleurait tout le temps. En plus, mon compagnon avait perdu son job de courte durée parce qu’il devait prendre soin de notre fils.
Maintenant, tout ce que nous pouvons faire c’est attendre. Mon avocat a encore demandé une régularisation pour raison humanitaire ; nous devons attendre de voir ce que le bureau de l’immigration va décider. Même si on doit vivre dans ces conditions misérables [le chauffage est cassé et ils ne peuvent pas toujours se permettre de payer l’électricité], je ne travaillerai plus jamais illégalement. Je préfère rester à la maison dans le froid que d’être renvoyée dans un centre rétention sans mon enfant.
2001 - Marie arrive en Belgique en tant qu’étudiante. Elle est ensuite employée en tant qu’aide soignante. Rencontre avec son compagnon.
2008 - Perte de son emploi à cause du titre de séjour expiré. Demande de régularisation.
2010 - Donne naissance à son enfant. Demande de régularisation rejetée.
2012 - Marie passe deux semaines en rétention.
2013 - Nouvelle demande de régularisation en attente.
12 ans en Belgique,
toujours sans papier et inéloignable pour cause de liens familiaux.