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Publié le : 05/12/2011
« Sud Ouest ». Le ministère de l'Intérieur évoque une explosion de la demande d'asile. Assiste-t-on à des abus pour entrer et se maintenir en France ?
Pierre Henry. Nous atteindrons le chiffre de 60 000 demandes d'asile en 2011, comparable aux années 2004-2005 ou à d'autres moments ces vingt dernières années. Il est étrange que le ministre de l'Intérieur en prenne prétexte pour annoncer une nouvelle loi coercitive, alors que, depuis 2003, à six reprises, la majorité parlementaire a durci les règles d'accès à la procédure d'asile, à l'entrée et au séjour des étrangers.
N'y a-t-il pas néanmoins une crise générale de l'asile aujourd'hui en France ?
S'il y en a une, c'est d'abord une crise de gouvernance. Le service public de l'accueil a été démantelé au nom de la révision générale des politiques publiques. Les moyens budgétaires alloués aux centres d'accueil ont été réduits, alors qu'ils sont les moins onéreux du secteur social. De plus en plus de demandeurs d'asile sont victimes de procédures d'exception qui les privent de leurs droits élémentaires. Condamnés à la rue, à séjourner dans des squares, ils rejoignent ainsi les autres exclus et pèsent de manière croissante sur les collectivités locales. Lutter contre les détournements de procédure et les demandes infondées ne me choque pas, à condition qu'on ne prive pas de leurs droits les demandeurs. Or les dernières déclarations du ministre n'offrent aucune garantie à ce propos.
Qui sont donc les réfugiés ? Quelle est leur protection ?
Alors que l'ONU va organiser une conférence ministérielle pour les 60 ans de la convention de Genève, le réfugié est souvent un jeune Afghan, Irakien ou Somalien qui a fui une guerre civile, des violences ethniques ou confessionnelles. Il erre dans les mégalopoles du Sud. On compte plus de 15 millions de réfugiés dans le monde. Tous les ans, 10 000 personnes sont ainsi reconnues par la France, 12 000 par l'Allemagne, autant par le Royaume-Uni. Comparées au Pakistan et à l'Iran, accueillant plus de 1 million de réfugiés, la France et l'Europe reçoivent une part très « raisonnable » des persécutés.
Sud Ouest, le 3/12/2011