InstagramPublié le : 17/01/2014
David a fui la Sierra Leone en 2000, étant donné que ses documents personnels n'ont pas pu être retrouvés dans les registres de Sierra Leonne il est non-éloignable, il a été enfermé pendant plus de 11 mois.
Je suis arrivé en Hongrie en 2000, j’avais 20 ans. J’ai fui la Sierra Leone car je voulais une nouvelle vie sans tous ces problèmes… J’ai perdu ma famille dans la guerre civile et je n’ai plus personne maintenant.
Quand je suis arrivé, les autorités m’ont envoyé dans un centre ouvert pour les réfugiés ou j’ai fait une demande d’asile. Comme réponse, ils m’ont donné un titre de séjour pour une durée de 1 an et qui a été renouvelé tous les ans jusqu’en 2005. Tout au long de ces années j’ai vécu dans beaucoup de centres d’accueil différents mais toujours des centres ouverts. J’ai commencé à apprendre le hongrois et j’ai même pu avoir quelques emplois temporaires à Budapest. J’avais vraiment la volonté de faire des efforts pour développer mes compétences.
En 2005, une procédure a été lancée pour déterminer si j’étais éligible pour rester définitivement en Hongrie. La réponse a été négative car ils ont dit que je n’étais pas suffisamment intégré, mais ils ne m’ont pas expulsé. Au contraire, j’ai été envoyé dans un centre de rétention ou je pouvais rester les 10 mois suivant. Je pense que c’est une façon d’offrir à des personnes comme moi une seconde chance. Si tu veux rester en Hongrie le gouvernement attend de toi une bonne intégration. Les centres de rétention sont des endroits où tu peux apprendre plus sur le pays, ses coutumes et ses lois. En allant dans un centre rétention je montrais que je voulais vraiment rester.
Après qu’ils m’aient relâché, j’ai finalement été transféré dans un centre social. À ce moment là, je n’étais plus capable de faire de demande d’asile. J’ai donc décidé de demander la citoyenneté hongroise. J’ai ensuite encore été enfermé pendant environ un mois, après quoi j’ai été envoyé dans un centre social pour réfugiés où je vis maintenant depuis 2 ans.
Étant donné la procédure en cours pour devenir citoyen hongrois, les autorités ont d’abord voulu vérifier si je pouvais être renvoyé dans mon pays. Comme je suis venu en Hongrie sans passeport ni aucun autre document prouvant mon identité, j’ai été conduit à l’ambassade de Sierra Leone pour qu’il m’identifie comme étant l’un de leurs citoyens. Mais, comme ils ne pouvaient pas me trouver dans leurs systèmes, je ne pouvais pas être renvoyé là-bas. C’était en 2008, et depuis j’attends toujours qu’ont me disent si je peux devenir citoyen hongrois ou non.
J’espère. Je pense que c’est juste une question de temps avant que le gouvernement décide de me laisser rester, parce qu’autrement je n’ai nul part où aller. Le but du gouvernement et d’offrir aux gens une meilleure vie ; je suis sûr qu’ils ont des idées pour nous aider. Je dois juste travailler plus dur, bien m’intégrer, faire en sorte de bien comprendre la loi hongroise… ensuite je pense qu’ils me laisseront rester.
Note : les travailleurs sociaux dans le centre social de David nous ont informés que suivant la nouvelle législation, bientôt David n’aurai plus droit à une place dans le centre. Ce qu’il adviendra de lui reste alors incertain.
13 ans en Hongrie
Toujours sans papier et non éloignable pour des raisons administratives
2000 - Arrive en Hongrie, vit dans un centre d’accueil pendant un an, demande l’asile.
2001 - Est enfermé pendant 7 mois.
2002 - 2003 Reste dans un centre social pendant 18 mois.
2003 - Reçoit un titre de résidence pour raison humanitaire valable un an. Le renouvelle sans cesse jusqu’en 2005.
2003 - 2005 Vit à Budapest, enchaîne les petits jobs, passe un examen de langue hongroise
2005 - Après que son titre de séjour expire, demande l’asile à nouveau et reste en centre social pendant 6-7 mois.
2006 -2007 (juillet) Est enfermé pendant 10 mois
2007 - Reste dans le centre ouvert pendant 6 mois
2008 - Enfermé pendant 4 mois, demande la citoyenneté hongroise.
2009 - À nouveau transféré dans le centre ouvert
2011 - Redirigé vers un centre social spécial pour personnes non éloignables ne pouvant être rétenu car ayant dépassé le délai maximum en rétention.