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Publié le : 25/07/2016
Des migrants se lavent près du campement installé sous la station de métro Jaurès à Paris le 19 juillet 2016
Photo MATTHIEU ALEXANDRE. AFP
C’est la 26e opération de «mise à l’abri» lancée dans la capitale depuis les premières évacuations de juin 2015 par les autorités, confrontées à l’afflux de migrants. La plus grosse opération jusqu’à maintenant s’était déroulée en juin dernier aux jardins d’Eole, dans le XVIIIe arrondissement, avec 1.855 personnes prises en charge. L’évacuation de ce campement, entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, à cheval sur les Xe et XIXe arrondissements, a débuté vers 06H30 pour s’achever peu après 20H30.
Comme souvent, les chiffres se sont révélés supérieurs à ceux des recensements préalables: seules 1.400 places avaient été prévues par les autorités.
Dès le petit matin, les migrants se sont pressés pour monter dans les bus. Les forces de l’ordre ont dû les contenir et les repousser, faisant usage à plusieurs reprises de leurs bombes lacrymogènes, a constaté une journaliste de l’AFP. La suite des opérations s’est déroulée dans le calme. Parmi les migrants, 158 personnes vulnérables (femmes, enfants) ont été pris en charge, a précisé la préfecture de police de Paris (PP).
Les autorités ont dû mobiliser des moyens supplémentaires. La RATP a mis à disposition des bus. Pour les accueillir, la Ville de Paris a notamment ouvert trois gymnases. Une maison de retraite désaffectée de Sarcelles (Val-d’Oise) a également été réquisitionnée pour recevoir 316 personnes. Au total, les migrants ont été répartis dans une soixantaine de centres d’hébergement en région parisienne et onze en province, selon la PP.
A Saint-Mard (Seine-et-Marne), où 200 migrants ont été relogés dans un gymnase, le maire (Les Républicains) s’est indigné d’un «abus du droit de réquisition» des préfets de région et du département.
«Au-delà du fait que les populations de migrants ont droit à un minimum de décence et de bon traitement (...), il est totalement irresponsable d’installer aussi précipitamment quelques 200 migrants au sein d’une commune de 3.800 habitants», a affirmé Daniel Dometz dans un communiqué, estimant que les services de l’Etat «mettent en péril l’équilibre sécuritaire» de sa commune.
Ces dernières semaines, les réfugiés s’étaient installés sur le terre-plein central du boulevard de la Villette, progressivement recouvert de centaines de tentes et de matelas, au milieu des détritus et des flaques d’urine. A quelques mètres se trouvent des locaux de l’association France terre d’asile, où les migrants font d’ordinaire leur première demande d’enregistrement.
Dans ce camp, «c’est très difficile, on n’a pas de couvertures, de douches, de toilettes. Moi je dors sur un carton, ma capuche sur la tête», raconte Mahamat Moussa, un jeune homme de 19 ans originaire du Tchad, en France depuis dix mois.
Le week-end dernier, des rixes avaient éclaté entre migrants, nécessitant l’intervention de policiers et de CRS.
Côté associatif, Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, confie son «sentiment d’épuisement»: «Il faut, dans toutes les capitales régionales, des centres pour accueillir et orienter les migrants, pour arrêter d’attirer les gens à Paris et à Calais. Si ce n’est pas fait, c’est que la décision politique n’est pas prise». Depuis plus d’un an, les campements se reconstituent régulièrement dans le nord de Paris, au gré des évacuations.
La Coordination française pour le droit d’asile (CFDA), qui regroupe des associations d’assistance aux migrants, a déploré un «harcèlement policier et administratif», alors que «la France a l’obligation d’accueillir dignement et d’héberger l’ensemble des personnes qui demandent une protection sur son territoire».
Mais «en dépit de créations importantes de places d’hébergement (+20.000 en deux ans), les capacités demeurent insuffisantes», ajoute la coordination.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé la création à la mi-septembre d’un centre humanitaire de réfugiés dans le nord de la capitale.
AFP, Libération, le 21 juillet 2016