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Publié le : 27/02/2014
Le collectif Calais ouverture et humanité, créé en novembre 2013, organise le jeudi 27 février un débat sur les migrants à Calais. Il devait avoir lieu en janvier mais avait été différé en raison du refus de la municipalité de prêter la salle du Channel. Trois têtes de liste aux municipales et des élus y participeront en compagnie de représentants d’associations et de citoyens. Sollicité, le collectif Sauvons Calais, en pleine tourmente depuis quelques jours, a décliné l’invitation. Séverine Mayer, porte-parole de Calais ouverture et humanité, détaille le sens de sa démarche.
- Séverine Mayer, qui seront les participants au débat ?
« Jacky Hénin (PC), Yann Capet (PS) et Alexandre Van Kerkhove (ex-UDI) ont accepté de venir. J’ai appris dans la presse que Natacha Bouchart (UMP) se fera représenter, mais j’ignore qui viendra (1). Philippe Blet n’a pas donné de nouvelles (2) et Myriam Gest sera là pour Europe-Écologie. Nous avons sollicité Françoise Millot (Lutte ouvrière), qui ne sera pas là mais enverra un communiqué, et Françoise Vernalde (FN) qui n’a pas répondu (3). Les associations Salam, France terre d’asile, le Secours catholique, Médecins du monde, Solid’R seront représentées. Philippe Wanesson (ex-Marmites aux idées) sera là, tout comme des No Border. Bien qu’ils soient décriés, ils assurent un travail énorme auprès des migrants, notamment rue Victor-Hugo. Des citoyens qui ont manifesté leur volonté de participer seront présents, dont deux au moins semblent proches du Front national. On a invité des soutiens de Sauvons Calais, mais ils hésitent encore. Ce serait bien que tous prennent la parole. »
- Comment organiserez-vous le débat pour éviter les débordements et permettre un équilibre dans les propos ?
« Nous serons sur place l’après-midi pour trouver une configuration efficace, sachant que la salle peut accueillir 70 personnes assises. Plusieurs micros seront proposés et nous serons deux porte-parole du collectif, avec Julien Tribalat, à animer les débats. Les interventions seront chronométrées mais on compte sur la bonne volonté de chacun pour ne pas couper la parole. »
- Le thème de ce débat, ce sont les migrants. Quels points seront abordés ?
« On va déjà faire un état des lieux des structures existantes, s’interroger pour savoir si ça suffit et si on doit aller plus loin et comment. Sur le thème de l’insécurité par exemple, il faut donner la parole aux citoyens. De quoi ont-ils peur exactement ? Ont-ils vécu des situations qui les effraient ont ont-ils entendu des choses qui leur font peur ? Le collectif Sauvons Calais évoque deux agressions par semaine commises par des migrants. On ne trouve aucune trace de ces chiffres. La sous-préfecture refuse de nous donner les chiffres de la délinquance liée aux migrants. »
- Pourquoi ce débat maintenant : s’agit-il de mettre l’accent sur les migrants à la veille des élections municipales ?
« Non, on voulait organiser ce débat avant car nous avions en tête la date du 21 février, jour de l’expulsion possible du squat Victor-Hugo. C’était notre principale préoccupation. Fatalement, on se rapproche désormais des élections, mais ce débat pourrait avoir lieu avec les mêmes dans six mois. Le sujet des migrants n’est pas la préoccupation majeure des Calaisiens, mais c’est celui qui divise. On a d’autres projets pour les Calaisiens, car ce qui nous importe c’est qu’on vive bien ensemble. »
- Quel sens voulez-vous donner au débat : s’agit-il d’éveiller les consciences ?
« C’est au travers de notre page Facebook que nous éveillons les consciences. Là, il s’agit de mettre en évidence les besoins puis de parler des moyens. On a rencontré chaque candidat avant le débat, ils ont des idées différentes. Le but n’est pas de les mettre d’accord, mais de construire un projet. »
- Le conseil des migrants organisé par la municipalité ou la table ronde de la préfecture ne suffisent-ils pas ?
« Non, le conseil des migrants ne suffit pas. Les associations qui y participent pensent que le travail n’est pas efficace, qu’ils ne peuvent pas s’exprimer comme elles le souhaiteraient. J’ai demandé à ce que le collectif y participe, je n’ai pas eu de réponse. Pour la table ronde en sous-préfecture, je pense que l’on pourra y participer, mais on ne veut pas s’imposer. »
- Quelles sont aujourd’hui les actions de Calais ouverture et humanité pour aider les migrants ?
« Nous sensibilisons la population sur le quotidien des migrants, nous relayons les appels aux dons des associations. Une de nos membres sert des repas pour une association. À l’origine, l’ouverture de notre page Facebook n’était pas pour les migrants, il s’agissait d’une réaction de colère contre les propos du collectif Sauvons Calais. »
- Justement, comment passe-t-on d’un mouvement d’opposition à un groupe que vous jugez radical à un soutien actif aux migrants ?
« C’est une suite logique pour nous. Oui, la présence des migrants inquiète car ce sont des étrangers, inconnus, qui n’ont pas notre culture. Mais la volonté de Sauvons Calais, c’est d’encourager la stigmatisation. Mais pourquoi les gens sont-ils en colère ? La condition des migrants, qui vivent dehors, sont obligés de monter des tentes et des camps insalubres, encourage cette stigmatisation. S’ils étaient encadrés dans des structures, ce serait différent. »
- Que pensez-vous de la proposition de Manuel Valls de tester des Maisons des migrants ?
« L’avantage des Maisons des migrants, c’est qu’elles garderont une dimension humaine. Pour moi, c’est un projet cohérent pour éviter justement que ne se créent des squats. Une grosse structure serait trop difficile à gérer. »
- Alexandre Van Kerkhove milite pour un centre fermé entre Marck et Oye-Plage, qu’en pensez-vous ?
« Cette proposition m’inquiète, car on enlèverait aux migrants la liberté de sortir quand ils veulent et dans une grande structure ce serait plus facile pour les réseaux mafieux de se développer. En revanche, tous les politiques s’accordent pour dire qu’un centre créerait un phénomène de pompe aspirante, c’est faux. Le squat Victor-Hugo est illégal, mais il accueille désormais femmes, enfants et hommes malades sans créer cet effet d’aspirateur. »
- L’accueil des personnes fragiles, c’est ce que vous préconisez ?
« Il faut une structure d’accueil pour les femmes et les enfants, et pour les personnes souffrantes, c’est indispensable. Il y a aussi urgence à prononcer une trêve hivernale, à ne pas ouvrir la salle du BCMO (place de Norvège) seulement lors du plan Grand Froid, car pendant la tempête, les migrants étaient dehors. Notre collectif veut lutter contre la prolifération des squats, mais cela passe par la mise à l’abri des personnes. Les migrants sont là : on peut fermer les yeux, mais ils seront toujours là. »
(1) La mairie de Calais a confirmé la venue de Philippe Mignonet, adjoint à l’environnement.
(2) Philippe Blet accompagnera Philippe Mignonet.
(3) Jointe ce mercerdi soir, Françoise Vernalde affirmait ne pas avoir reçu d’invitation et indiquait que si cela avait le cas, elle n’aurait pas participé au débat. « Le problème ne se réglera pas à Calais, il faut rétablir les frontières ».
Un débat ce jeudi soir
Il commencera à 18 h au café Le Petit Prince avenue de Saint-Exupéry, à Calais. Le public est autorisé mais la priorité sera donnée aux invités (capacité de 70 places).
Manifestation ce samedi
À l’appel de groupes d’extrême gauche, une manifestation « contre les violences fascistes » aura lieu samedi à 14 h 30 à Calais, au départ de la place d’Armes. Cet appel au rassemblement est relayé par Lutte en Nord et Indymedia. Europe-Écologie et le Front de gauche ont fait savoir qu’ils participeront au défilé. Le collectif Calais ouverture et humanité ne participera pas à la manifestation.
La voix du nord, le 27 février 2014