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Publié le : 03/03/2014
| CALAIS ET MIGRATIONS : DES PISTES DE SOLUTIONS ONT ÉTÉ ANNONCÉES |
L'abbé Boutoille a pris la parole
L'hébergement des migrants coince sérieusement. Retour d'un centre fermé ? Des lieux d'accueils multi-sites ? Un lieu d'accueil d'urgence ?
Associatifs, citoyens, mais aussi certains candidats qui se présentent aux municipales ont discuté de la problématique des migrants, effectué un état des lieux et apporté leurs idées pour améliorer la situation L'arrivée des migrants, Sangatte, son démantèlement, la chasse aux squats, les besoins vitaux, l'asphyxie des associations... « Maintenant, ils sont 500, on fait dix grandes casseroles. Ça devient très fatigant... Les bénévoles n'en peuvent plus », assure une représentante de Salam.
« On a besoin de trouver des solutions humaines », indique Séverine Mayer, membre du collectif Calais Ouverture Humanité. Le collectif a organisé un débat jeudi soir (notre édition d'hier). L'occasion de poser des questions aux associations, pour mieux cerner les besoins, les problèmes, se renseigner tout simplement. Néanmoins, le collectif organisateur a indiqué que des commerçants ont décliné l'invitation « par peur de représailles de personnes violentes de groupuscules comme de la municipalité... » Les structures en place, les squats engendrent-t-ils un appel d'air ? France Terre d'Asile, qui gère une structure pour mineurs à Saint-Omer depuis 2012, assure que non. « Le squat Victor-Hugo (qui accueille des femmes et des enfants) n'est pas débordé ».
Selon l'abbé Boutoille, très investi auprès des migrants, « depuis la fermeture de Sangatte, la dignité n'est plus respectée (...) Il faut reconnaître que c'est un parcours du combattant que de travailler avec les politiques : on avance, on recule ! »
Les candidats aux élections municipales ont été invités, certains ont décliné l'invitation, d'autres non. Ils en ont profité pour dévoiler leur point de vue et discuter des solutions qu'ils pourraient envisager également.
Selon Jacky Hénin, « il est nécessaire d'avoir une trentaine d'hébergements pour les plus fragiles avant qu'ils soient pris en charge par le Département ». L'ancien maire a rappelé « avoir fait sauter les verrous du BCMO » et qu'il « en ferait sauter d'autres ».
Yann Capet a soutenu que, selon lui, « la question des migrants ne doit pas être taboue », ni « un élément de campagne ». Selon l'élu socialiste, « aujourd'hui on est dans une non-gestion et cette non-gestion crée la haine, la peur ». Il propose « de lutter contre les squats » et que « la solution pour qu'il n'y ait plus de squats, c'est qu'il y ait un accueil », rappelant que lors de la venue de Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur a « proposé une maison des migrants qui doit se faire à l'échelle de la Côte d'Opale, et Calais doit y prendre part ».
Représentant Natacha Bouchart, Philippe Mignonet a indiqué que « l'idéal est d'avoir des petites structures » avant de nuancer et d'affirmer le point de vue de la municipalité en place : « mais Calais ne peut accueillir l'intégralité de toutes ces structures. Les Britanniques nous amènent à supporter ce qu'ils ne veulent pas chez eux ! »
Alexandre Van Kerkhove, qui mène une liste de droite, assure, s'il est élu, apporter une « solution concrète avant l'hiver 2014 ». Lors du débat, il a parlé d'un « centre fermé à l'extrémité de la ville ou de l'agglomération géré par la Croix Rouge » pour accueillir « dans de bonnes conditions tous les migrants, qui y resteront deux mois ». Une proposition qui est loin d'avoir conquis ni les organisateurs ni les personnes assistant au débat. Le représentant de Solid'air qualifiant aussitôt cette proposition « de centre de rétention ». « Oui je serai dans l'illégalité », indique Alexandre Van Kerkhove, précisant que sa solution ferait parler, interpellerait. Il a aussi précisé vouloir « accélérer Schengen » et « traiter plus vite les demandes d'asile ».
Des ébauches de pistes de réflexion ont donc été annoncées, certaines plus convaincantes que d'autres. Des discussions avant une éventuelle mise en pratique. Le débat a néanmoins paru être constructif et a donné des clés pour un travail.
D.K.
Le débat a permis aussi au public de s'exprimer, de raconter ce qu'il vit. Une habitante de Coulogne, non sans émotion, est revenue sur les événements de la semaine dernière. A l'arrivée du squat près de chez elle, elle a eu « peur ». Puis, la peur a changé de visage.
Elle témoigne de la violence de certains manifestants, soutenus par le collectif Sauvons Calais. « Je suis traumatisée de ce que j'ai vu. J'ai vu des gens lynchés, des gens qui appelaient au secours et la police ne faisait rien. » Les « gens » dont elle parle sont les squatteurs. Ces squatteurs qui ont vu la violence venir crescendo. « J'ai vu une folie sur Coulogne. J'ai vu la haine, mais à un point ! J'ai entendu les mots "viol", "chambre à gaz" », accuse-t-elle, émue. Elle dénonce aussi le comportement des forces de l'ordre. Et elle n'est pas la seule.
Un No Border (dont le mouvement gère entre autres le squat Victor-Hugo qui permet la mise en sécurité des femmes et des enfants, NDLR) témoigne à son tour. « Les No Border gèrent les situations au quotidien, on fait beaucoup pour améliorer la situation des migrants. » L'homme annonce être No Border mais être aussi un migrant. Il revient à sa jeunesse et fait le parallèle avec les dérives de Coulogne. « Je viens d'Afrique du Sud, j'ai grandi pendant l'Apartheid. C'est un problème réel qui commence. J'étais dans la maison, je me suis fait caillasser. Il y a eu des cocktails molotov. Les jeunes caillassent et vous laissez faire ? Le régime de l'Apartheid c'est comme ça ! C'est ne pas laisser les gens se mélanger ! ». La poussée de l'extrême droite, la violence ont été au coeur des débats.
Un Soudanais a aussi témoigné. « Bien sûr, on aime la France car la France aime les gens (...) Il faut qu'on fasse ce qu'on peut, selon la loi. Si on veut, on peut. » Et d'appeler à s'unir : « Chez vous, chez nous, il y a des personnes qui ont des capacités, des savoir-faire. (...) On va faire ce que l'on peut pour nous, et pour la France. »
Besoins vitaux et tentes d'été.- Médecins du monde a tiré une nouvelle fois la sonnette d'alarme, rappelant « qu'après dix ans de dénonciations, malgré les normes d'urgence,les minimums vitaux ne sont pas comblés ». Et de donner en exemple les WC situés face au lieu de distribution des repas : trois WC pour 200/300/400 personnes. « Selon les critères humanitaires, c'est un WC pour 20. »
Tentes d'été en hiver.- Médecins du monde a pointé du doigt, comme d'autres personnes, les « conditions précaires, invivables, vecteurs de tensions et de maladies » mais aussi la condition de vie des migrants vivant dans des campements de fortune, avec des « tentes d'été Décathlon » !
Nord Littoral, le 01 mars 2014