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Publié le : 30/11/2015
Marion Maréchal-Le Pen lors d'un meeting à Toulouse, le 21 novembre 2015 (A.ROBERT/SIPA)
" Que fait-on aujourd'hui de cette folle politique des réfugiés, qui n'en sont pas d'ailleurs pour une grande partie, c'est-à-dire de ce droit d'asile dévoyé, qui est utilisé comme une filière d'immigration clandestine bis, et dans laquelle nous avons pu constater qu'il y a le risque de voir des terroristes affluer ? " a notamment interrogé Marion Maréchal-Le Pen ce jeudi 26 novembre sur France Info. Par ces propos, la tête de liste du FN aux régionales en PACA se livre à un double amalgame, en signifiant à la fois qu’une majorité de migrants ne sont pas réfugiés, et qu’il y a des terroristes parmi ces réfugiés.
Je rappelle que près de 800.000 personnes sont arrivées aux frontières européennes cette année, et ce par trois voies principales : la Méditerranée centrale, la route des Balkans, et la Méditerranée orientale. C’est surtout cette dernière voie qui enregistre le plus de demandes, avec 650.000 personnes depuis le début de l’année. Or, une écrasante majorité de ces personnes sont des réfugiés syriens, irakiens ou érythréens.
Deuxièmement, ce n’est pas parce que deux des trois kamikazes qui se sont attaqués au Stade de France ont emprunté la route des réfugiés que cela disqualifie pour autant la centaine de milliers d’autres qui demande une protection.
La bonne réponse à ce constat n’est pas de traiter les demandes d’asile dans les pays de départ, ou de développer des partenariats avec les pays transfrontaliers, comme le propose Marion Maréchal Le-Pen.
Avec cette " idée ", elle invente d’ailleurs le fil à couper le beurre, puisqu’en l’occurrence, cela existe déjà. Pour venir en France, des dépôts de demandes d’asile se font auprès d’ambassades à Beyrouth, Aman, ou encore Ankara, mais en nombre très limité. Surtout, cela ne répond pas à l’ampleur de la crise.
Cette proposition ne tient pas une seconde en cas d’énorme conflit, comme en Syrie, où il n’existe plus d’ambassade de France depuis 2012.
Ce qui se passe aujourd’hui en Syrie représente la plus grande catastrophe humanitaire de ces dernières années. Les gens qui fuient le pays n’ont pas d’autre choix. Dans un tel cas, comme dans beaucoup d’autres, la proposition de Marion Maréchal-Le Pen est totalement inopérante et ne représente en aucune façon une alternative à une crise humanitaire majeure.
Les populations qui fuient la Syrie n’ont pas de perspectives de retour dans leur pays ni d’intégration sur le marché local turc, où elles se sont retranchées. Dans de telles conditions, la pression exercée sur les frontières européennes est inévitable.
Mais sur ce point, il faut être très clair. Nous pouvons à la fois continuer à accueillir des réfugiés et assurer la sécurité de nos concitoyens, non pas grâce à la proposition de Marion Maréchal-Le Pen, mais en renforçant les contrôles aux frontières extérieures.
Oui, nous devons contrôler davantage les personnes qui viennent sur notre territoire, en créant des centres d’accueil, d’enregistrement et de répartition pour les réfugiés aux frontières de l’Europe, financés par l’Europe, sur la route migratoire.
Là est la véritable urgence. Mais n’opposons pas la sécurité à l’accueil, comme le fait le Front national. Nous pouvons résolument – et devons – permettre les deux.
Par Pierre Henry, Propos recueillis par Rozenn Le Carboulec, Le Plus, le 27/11/2015