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Publié le : 09/11/2011
"Intolérable !" Ce cri de révolte est partagé par les nombreuses organisations qui appellent à manifester jeudi 10 novembre contre l'inaction du gouvernement en matière de logement et d'hébergement. Car, alors que "la crise du logement n'a jamais été aussi grave", les seules réponses apportées par des ministres "aveugles à la réalité du terrain" sont "des politiques dures qui frappent en premier lieu les plus vulnérables".
Pour la première fois, sans-logis, associations de solidarité, salariés de l'urgence sociale, syndicats, collectifs locaux et institutions nationales se rassemblent ainsi pour porter le même message de "ras-le-bol", et inviter tous les citoyens à participer partout en France à ces "24h pour le logement : un toit pour toutes et tous toute l'année".
A Paris, la mobilisation se traduira par une manifestation à 14 h devant le Sénat, suivie d'un défilé passant par l'Assemblée nationale et le Conseil économique, social et environnemental (CESE) pour arriver à 19 h sur la Place des droits de l'Homme au Trocadéro, où les militants s'installeront pour passer la nuit, avant d'aller faire du bruit le lendemain matin devant un immeuble vide de la capitale.
Pour l'ensemble des collectifs engagés dans cette initiative (voir note), qui s'inscrit dans la foulée des "nuits solidaires" organisées en 2008 et 2009, il est plus qu'urgent de se décider, enfin, à agir pour l'accès au logement des plus démunis, alors que la crise économique frappe durement les ménages.
"On demande d'intervenir sur les prix des loyers, dont la hausse devient délirante, et au lieu de ça, tout ce que le gouvernement trouve à faire, c'est de supprimer, dans le nouveau plan de rigueur présenté ce matin [lundi], l'indexation des APL sur l'indice du coût de la construction, comme c'était le cas depuis seulement trois ans !", s'est emporté Christophe Robert, de la Fédération Abbé-Pierre, au nom du Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées.
"C'est complètement inacceptable !", a-t-il poursuivi, tandis que Jean-Baptiste Eyraud, de l'association Droit au logement (DAL), se disait, pour sa part, "sous le coup de la colère" après l'évacuation, le matin même par les forces de l'ordre, des familles expulsées d'une barre de La Courneuve en avril dernier et qui campaient dans la rue depuis, faute de solution pérenne d'hébergement. Elles ont finalement passé la nuit aux urgences d'un hôpital de Saint-Denis, annonçait le DAL mardi matin.
Mais "toutes leurs affaires ont été jetées à la benne à ordures", se désolait encore Jean-Baptiste Eyraud, lundi après-midi devant la presse, en y voyant "le symbole des mentalités de la France d'aujourd'hui", dénuée du respect le plus élémentaire pour les plus précaires. "Et ce qui se passe à La Courneuve se passe sur l'ensemble du territoire", a-t-il souligné, en considérant la politique du gouvernement comme "une provocation à l'égard des plus pauvres".
"On appelle au secours parce qu'on n'en peut plus", a renchéri Nathalie Rouxel, assistante sociale à l'urgence sociale du Val-d'Oise, confrontée tous les jours, comme tous ses collègues, à de nouvelles familles en demande d'aide et pour lesquelles il n'y a aucune solution.
"Il faut des gestes de solidarité de la part des citoyens", espère-t-elle alors en pensant à "tous les enfants qui dorment à la rue en ce moment". Et d'évoquer les quelque 547 personnes refusées par le 115 du 95 la semaine dernière, à la veille de la trêve hivernale, pour 1 082 demandes.
"On en a assez d'un Etat qui bafoue les droits des personnes", a-t-elle encore déclaré, en laissant à Christophe Robert le soin de résumer : "On est en période de régression sur le droit inconditionnel à l'hébergement et sur l'application de lois comme la loi SRU, 'solidarité et renouvellement urbains' qui a déjà 10 ans, ou la loi DALO, qui n'est que de la poudre aux yeux". Le relogement des personnes ? Dérisoire. Les CAPEX ? "Une coquille vide !" Au contraire, toutes les organisations ont dénoncé la hausse du nombre des expulsions locatives et l'absence de politique de prévention.
Mais à chaque rencontre avec le Premier ministre, François Fillon, ou avec le secrétaire d'Etat chargé du logement, Benoist Apparu, "on a droit à une fin de non-recevoir, on n'a juste pas la même vision du même pays", a estimé le délégué général adjoint de la FAP, en évoquant les quelque 3,5 millions de personnes sans domicile ou mal logées vivant actuellement en France, et qui sont invisibles aux yeux du gouvernement.
"Ce sont d'actes que nous avons besoin aujourd'hui, pas de conférences régionales", a enfin affirmé Christophe Robert, en critiquant sans les nommer la série d'assises locales sur le logement d'abord qui ont lieu actuellement avant leur conclusion le 9 décembre prochain à Paris, mais dont tous les acteurs de l'urgence sociale n'attendent rien.
Outre le Collectif des associations unies pour le logement, l'appel aux 24 h pour le logement rassemble aussi le collectif "Urgence, un toit", la Coordination nationale des professionnels de l'urgence sociale et la plateforme "Un chez-soi pour tous", de même que des unions syndicales telles que Solidaires.
Par Anne Simonot - 08/11/2011