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Publié le : 15/12/2014
Ce lundi 15 décembre, le musée de l'immigration s'offre enfin une inauguration présidentielle. Il aura fallu attendre sept ans. Mais c'est l'occasion pour François Hollande de prononcer son premier discours sur l'immigration. Attendu au tournant, que peut-il dire ? Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, espère une déclaration ambitieuse.
Le musée de l'immigration a été ouvert en octobre 2007, mais n'avait jamais été inauguré par un président. (J. DEMARTHON/AFP
Assurément, ce sera un beau discours que celui que prononcera le président de la République cet après-midi à la cité de l’immigration. Célébrant l’apport de l’immigration à la nation, il sera dans la veine mémorielle, de celle qui rend hommage à l’armée d’Afrique, reconnaît la responsabilité de la France dans le massacre de Thiaroye, répare l’affront fait à Léopold Sédar Senghor.
Bref, il prononcera un de ces discours qui nous réconcilient avec notre histoire avec justesse et justice.
Ce qu'il sera dit et tu
Le président sait faire cela et il le fait très bien. Mais sera-ce un grand discours ? Aussi fort que celui que nous aurions aimé entendre au début du quinquennat, capable de mobiliser la jeunesse autour d’un idéal de concorde, de découverte, de bienveillance, et capable d’émouvoir nos compatriotes, parents et enfants d’immigrés, parce qu’ils y verraient la construction d’un avenir commun ?
Il est malheureusement déjà bien tard pour faire un tel discours. Le parti socialiste n'a pas travaillé cette question alors qu'il était dans l’opposition, et dire que le gouvernement est resté fort timide sur ces questions n’est que lucidité.
Le président de la République nous dira certainement que l’immigration est une chance, mais qu’il convient de la maîtriser. Il prônera assurément l'égalité de nos compatriotes aux origines diverses mais se taira sans doute sur l'égalité réelle qui s’est évanouie depuis longtemps des territoires.
Il ne dira certainement pas qu’en de trop nombreux endroits la seule relation que des populations entretiennent avec le service public est la Française des jeux. Ni que la mortalité associative des structures de proximité, travaillant sur le vivre ensemble, est à son comble.
Un discours qui arrive trop tard
Peut-être évoquera-t-il le droit de vote des étrangers aux élections locales. Mais cette bataille a été perdue faute de l’avoir menée et les clefs ne se trouvent plus entre ses mains.
Il rappellera la compatibilité de l'islam avec la république, mais la question est essentialisée depuis bien trop longtemps.
La question migratoire est au cœur d'un enjeu de civilisation. La fracture sécuritaire amènera les responsables politiques européens à fermer de plus en plus les voies de migrations légales, une erreur dramatique : cette orientation alimentera le choc des civilisations.
Il nous faut travailler aux migrations de projets industriels, scientifiques, culturels, de projets de formation. Il nous faut penser à l’instauration d’un droit à circuler différent d’un droit à s’installer. Il nous faut construire l'organisation de migrations au sein d'un espace régional cohérent linguistique et historique.
Oui, il est déjà bien tard Monsieur le Président pour prononcer votre discours. Il est bien tard de vouloir commencer à réconcilier les Français entre eux pour, simplement, apaiser le moment.
C’est notre avenir commun qui est en jeu, et c’est pourquoi votre discours doit être à l’image de notre avenir, de notre vivre ensemble : ambitieux. Et c’est pourquoi je vous écouterai avec attention et avec espoir : celui d’être surpris par votre audace.
Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile
Le nouvel obs, le 15 décembre 2014