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Publié le : 20/07/2010
Près de 140 personnes, dont une centaine de demandeurs d’asile, ont été orientées vers des structures adaptées à Forbach, Strasbourg, Woippy, Vitry-sur-Orne, Hayange et Créteil.
Le nombre très élevé de demandeurs d’asile démontre la limite des discours sur l’installation de filières d’immigration clandestine à Paris. Le vrai sujet reste la concertation autour de la mise en place d’un vrai schéma national d’accueil cohérent des demandeurs d’asile sur l’ensemble du territoire, avec des moyens adaptés.
Paris, cp/France terre d'asile, le 20/07/2010
Les réfugiés installés sur les berges du canal Saint-Martin ont été expulsés par la police mardi matin. L'Etat a débloqué 170 places d'hébergement pour accueillir ces personnes
Après de long mois de campement sauvage au bord du canal Saint-Martin, les 170 réfugiés afghans ont été expulsés mardi matin lors d'une opération de police sous les ponts Louis Blanc et La Fayette (Xe). Une initiative justifiée, selon la Ville et la préfecture de police, par une ordonnance du tribunal administratif du 17 juin dernier enjoignant les réfugiés "occupant les berges sans droit ni titre" à "quitter les lieux sans délai" en raison de "risques graves et immédiats résultant de leur présence tant en matière de salubrité que de sécurité publique". Les autorités mentionnent notamment une "dégradation rapide des conditions sanitaires" et des "violences entre personnes".
En contrepartie de l'évacuation, la Ville indique avoir obtenu de l'Etat la mobilisation de 170 places d'hébergement ainsi qu'un accompagnement social. L'ensemble des réfugiés ont été conduit s vers le centre d'hébergement La Boulangerie, boulevard Ney (XVIIIe), où ils se sont vus proposer un hébergement et une prise en charge sous la houlette de l'association France Terre d'Asile "dans des structures adaptées à Forbach, Strasbourg, Woippy, Vitry-sur-Orne et Créteil".
L'association a cependant rappelé mardi que plus de 4000 personnes étaient en attente d'hébergement à Paris en raison de la pénurie de places d'accueil réservées aux demandeurs d'asile, et que la situation avait contraint l'association à suspendre, fin juin, l'accueil des nouveaux arrivants à Créteil et à Paris. Selon Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, le relogement des Afghans "sera sans lendemain si parallèlement une vraie concertation n'a pas lieu dans les plus brefs délais" sur l'accueil des réfugiés dans la région. En 2009, le nombre de demandeurs d'asile a augmenté de 18% en Ile-de-France.
Parmi les réfugiés du canal, trente-deux ressortissants afghans ont bénéficié depuis début juillet d'une aide au retour volontaire, affirme la préfecture de police. Au total, 152 Afghans ont accepté une aide financière au retour depuis le début de l'année 2010.
Par Vincent Michelon
Metro, le 20/07/2010
Hier à l’aube, 180 Afghans ont été expulsés sans incident de leur campement installé sous les ponts Louis-Blanc et Lafayette. Ils seront hébergés dans des structures adaptées.
L’expulsion a commencé aux premières heures du jour. Hier à 6 h 30, des policiers ont procédé à l’évacuation des exilés afghans installés sur les berges du canal Saint-Martin (Xe). A la suite de la fermeture du square Willemin l’été dernier, des dizaines de ressortissants afghans avaient établi un campement fait de tentes et d’abris de fortune sous les ponts Louis-Blanc et Lafayette.
Le démantèlement, qui s’est déroulé sans incident, fait suite à une demande de la mairie de Paris. Selon Rémi Féraud, maire PS du Xe, il y avait eu quelques plaintes de riverains, mais, surtout, les conditions sanitaires et des bagarres au couteau entre réfugiés ont poussé la Ville à demander l’expulsion. Le 17 juin, le tribunal administratif a donné son aval « eu égard, d’une part, aux risques graves et immédiats (...) tant en matière de salubrité que de sécurité publique, d’autre part, aux nécessités de la continuité du service public ». Mais pourquoi la mairie de Paris a-t-elle attendu la torpeur de l’été pour organiser ce démantèlement? L’ouverture de Paris-Plages a-t-elle incité la Ville à faire place nette? « Ça n’a rien à voir », répond brièvement Bertrand Delanoë. « Nous avons obtenu le feu vert il y a quelques semaines, mais nous souhaitions d’abord trouver des solutions d’hébergement », complète Rémi Féraud.
Quelques heures après l’évacuation, il ne restait plus de l’ancien campement que quelques matelas fatigués entassés dans une benne et des sacs plein de détritus. Sous l’œil des CRS postés sur le pont Louis-Blanc, des agents de la Ville débarrassaient au nettoyeur à haute pression les dernières traces de ce minibidonville. Quant aux 180 exilés, ils ont dans un premier temps été dirigés vers le centre d’hébergement la Boulangerie, dans le XVIIIe, pour que l’on étudie leur situation. Cent quarante d’entre eux étaient demandeurs d’asile. Ces personnes seront orientées dans les jours à venir vers des structures d’hébergement adaptées dans l’est de la France, l’Orne ou à Créteil. « Le nombre élevé de demandeurs d’asile démontre la limite des discours sur l’installation de filières d’immigration clandestine à Paris », souligne Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’asile.
Dans un premier temps, le ministère de l’Immigration avait en effet parlé d’« un grand nombre d’étrangers en situation irrégulière » dans le camp. « Le fait que ces personnes soient demandeurs d’asile n’exclut pas qu’elles alimentent les filières d’immigration irrégulière à destination de la Grande-Bretagne », relativise-t-on au ministère. Pour France Terre d’asile, l’évacuation du campement ne va pas régler le problème des exilés. L’association réclame la mise en place d’un « vrai schéma national d’accueil cohérent des demandeurs d’asile (…) avec des moyens cohérents ». « Sinon, ils reviendront s’installer sur les berges du canal Saint-Martin ou ailleurs », prédit Pierre Henry.
Par Julien Solonel et Marie-Anne Gairaud
Le Parisien, le 21/07/2010
Les campements de migrants sous les ponts du canal Saint-Martin ont été évacués hier matin. Tous les Afghans se sont vu proposer un hébergement. Mais la méthode choque certains associatifs.
Opération place nette : hier matin, à quelques mètres de Paris Plages, qui devait ouvrir ses portes le long du bassin de la Villette, les campements de migrants, installés depuis plusieurs mois sous les ponts du canal Saint-Martin, ont été évacués par les forces de l’ordre.
À l’origine de cette évacuation, préfecture, mairie de Paris et ministère de l’Immigration évoquent, à l’unisson, des « conditions sanitaires indignes et dangereuses » et une décision de justice, celle du tribunal administratif de Paris qui, dans une ordonnance du 17 juin dernier, avait « enjoint à toutes ces personnes, occupant les berges sans droit ni titre, de quitter les lieux sans délai ». Pour le tribunal, cette évacuation présentait un caractère d’urgence vu les « risques graves et immédiats tant en matière de salubrité que de sécurité publique ».
C’est donc plus d’un mois après cette décision urgente que des CRS, aidés par des fonctionnaires de la brigade d’aide et d’assistance aux sans-abri (Bapsa), ont procédé, hier matin à l’aube, à l’évacuation des campements situés sous les ponts Lafayette et Louis-Blanc. Les migrants présents (environ 200 d’après le ministère, Afghans dans leur grande majorité) ont été répartis dans plusieurs lieux d’hébergement par les équipes de France terre d’asile (FTA). Dans l’après-midi, l’association annonçait avoir orienté 140 personnes, dont une centaine de demandeurs d’asile, « vers des structures adaptées à Forbach, Strasbourg, Woippy, Vitry-sur-Orne et Créteil ». « Il y avait deux conditions à notre participation à cette opération, précise Pierre Henry, directeur de FTA. Pas d’interpellations et des places d’hébergement libérées par l’État. Mais cette action sera sans lendemain si, parallèlement, une vraie concertation n’a pas lieu. » Et de lancer, à l’adresse du ministre de l’Immigration : « La présence majoritaire de demandeurs d’asile relativise les discours sur les filières clandestines. » Dans un communiqué publié quelques heures plus tôt, Éric Besson avait en effet développé son habituelle homélie : « Nous ne pouvons accepter que se constituent de véritables zones de non-droit, où les filières d’immigration clandestine (…) accomplissent leur triste commerce. Il n’y aura pas de nouveau Sangatte, ni à Calais, ni à Paris. »
Une fois évacués, les campements ont été détruits. Dans la matinée, une dizaine d’agents du service nettoyage de la mairie de Paris, combinaisons blanches intégrales et masques sur le nez, s’affairaient à jeter dans des bennes, couvertures, tentes et matelas. Et plus même, selon Jean-Michel Centres, du Collectif pour les exilés du Xe. « Ils jettent tout, y compris les affaires personnelles avec des papiers importants pour une demande d’asile. » Pour le militant, la méthode utilisée est « inacceptable » : « La fin ne justifie pas les moyens ! Donner des places d’hébergement, c’est bien, mais pas comme ça. Au lieu de leur dire qu’il y a des places pour eux, on fait une opération de police. Humainement, ça me choque. On ne peut pas les traiter comme des gens normaux ? Dans trois mois, on sera dans la même situation, ça ne résout pas le problème. »
Les demandeurs d’asile devraient bénéficier de ces places d’hébergement le temps de la procédure. Quant aux autres, ils pourraient revenir rapidement sur les berges du canal. N’en déplaisent aux organisateurs de Paris Plages…
par Marie Barbier
L'Humanité, le 21/07/2010