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Publié le : 24/05/2017
En adoptant la déclaration du 18 mars 2016 avec la Turquie, les pays de l’Union européenne ont mis en œuvre une option sécuritaire assumée de la politique migratoire européenne, qui menace ou compromet le droit d’asile en Europe, basée sur trois principes :
• Fermeture des frontières externes: Blocage de l’accès à l’espace européen pour les réfugiés en même temps que pour les autres catégories de migrants.
• Rétention, contrôle et enregistrement des migrants dans l’attente d’une reconduite dans le pays de premier asile ou dans leur pays d’origine pour la grande majorité des migrants.
• Externalisation de l’application du droit d’asile : Délégation aux autorités des pays tiers limitrophes, de l’examen des demandes d’asile et de l’accueil des réfugiés.
C’est un changement radical de la politique européenne de l’asile. C’est la construction d’une Europe forteresse qui semble laisser indifférents les politiques et les peuples européens.
La route de la Méditerranée orientale, voie d’accès des demandeurs d’asile de Syrie et des autres pays en conflit du Proche Orient, est désormais fermée. L’accord du 18 mars 2016 entre les 28 pays de l’Union et la Turquie a très efficacement interrompu le flux de migration. La route de la Méditerranée centrale, voie d’accès des demandeurs d’asile d’Erythrée, du Sud-Soudan, maintenant du Nigéria, est en voie de fermeture. Le sommet des chefs d’Etats et de gouvernements des pays membres de l’Union européenne du 3 février 2017 à La Valette, a décidé la mise en œuvre de la fermeture de cette deuxième voie de passage des migrants.
Comme toute entrave à un mouvement de population en exil, la fermeture des frontières aggrave considérablement les conditions de vie des hommes, femmes et enfants qui ont entrepris ce voyage pour leur survie et qui se trouvent confinés au mieux dans des camps.
Une fermeture étanche des frontières outrepasse le droit des Etats à contrôler l’accès à leurs territoires. Car elle implique le refoulement des demandeurs d’asile - ce qui est prohibé par le droit international - et leur interdit de facto l’accès à la procédure européenne de détermination de leur droit à la protection internationale. C’est un déni d’accès au droit tout comme la sous-traitance de l’application du droit d’asile aux pays tiers limitrophes est elle aussi un déni du droit d’asile tel que prévu dans les conventions internationales.
Comment en sommes-nous arrivés là alors que nous sommes parfaitement conscients des conséquences des décisions prises par les Etats de l’Union sur la vie quotidienne des migrants et sur le droit des réfugiés à la protection internationale ?
Les arguments cent fois rabâchés tels que la sauvegarde de ceux qui prennent tous les risques pour atteindre les côtes grecques ou italiennes sur des bateaux de fortune, ou la lutte contre les réseaux criminels de passeurs, ne sont évidemment pas les raisons véritables de la politique de fermeture, malgré leur pertinence secondaire.
On parle de pragmatisme, de réalisme, d’évidence. Ce sont les arguments typiques qui préludent à l’abandon des principes et des valeurs.
Il faut avoir le courage de reconnaître que si les pays de l’Union bloquent les migrants et les réfugiés dans les pays tiers c’est essentiellement parce que leurs gouvernements ont cédé devant la dérive populiste et xénophobe d’une partie de leur population et qu’ils considèrent n’être pas en mesure de leur imposer un nombre accru d’étrangers en recherche de protection.
Céder sur les droits des réfugiés c’est porter atteinte au bloc des droits fondamentaux et universels en donnant raison aux populistes qui n’y verront qu’encouragement pour amplifier leurs propos et leurs actions xénophobes.
Il faut au contraire résister et répliquer aux discours de haine et d’exclusion. Quand il a en face de lui des réfugiés, le peuple sait se montrer accueillant et généreux. Les français l’ont démontré dans les derniers mois.
Article issu de notre Newsletter d'Avril-Mai parue le 24 mai 2017