- Accueil
- France terre d'asile
- Histoire
- 1971-1980
- 1980-1998
- 1998-2006
- 2006 à nos jours
- Organisation
- Notre gouvernance
- Nos établissements
- Notre organisation
- Nos actions
- Notre expertise
- Infos migrants
- Faire un don
- Rejoignez-nous
Publié le : 27/06/2017
LP/SEBASTIEN MORELLI
Près de 46 000 personnes étrangères, dont nombre d’enfants, ont été enfermées en 2016 dans les centres et locaux de rétention administrative (CRA, LRA) de métropole et d’outre-mer. Propice «à des pratiques abusives» et à «des violations des droits», la rétention ne doit plus être «l’outil principal de l’éloignement», plaident six associations*, qui lancent ce mardi un appel au nouveau Président de la République.
Tel est le constat du rapport annuel des six associations (ASSFAM, Forum réfugiés-Cosi, France terre d’asile, La Cimade, Ordre de Malte France, Solidarité Mayotte) intervenant dans les 24 centres de rétention administrative (CRA) de France : le recours à l’enfermement des personnes étrangères en vue de leur éloignement demeure «systématique et massif». «Ces cinq dernières années, plus de 232 000 personnes ont été enfermées, démontrant la constance de cet usage au-delà de l’alternance politique», soulignent-elles. Elle appellent solennement le nouveau Président de la République, Emmanuel Macron, à «un changement de cap». Et s’apprêtent à interpeller également le gouvernement et les parlementaires dans les prochains jours.
La loi du 7 mars 2016, qui a permis le retour du contrôle du juge judiciaire après deux jours de rétention, n’a pas inversé la tendance, observe Mathias Venet, responsable de la mission rétention à l’Ordre de Malte, qui souligne que Mayotte reste exclue de cette réforme. L’assignation à résidence, censée constituer une alternative, «apparaît davantage comme un outil de contrôle supplémentaire». Signe d’une politique migratoire «axée sur le quantitatif», les deux nationalités les plus éloignées depuis la rétention en métropole sont les Albanais et les Roumains, rappelle le rapport.
Les associations s’inquiètent par ailleurs de renvoi ou tentative de renvoi de ressortissants de pays en guerre comme le Soudan, l’Irak ou l’Aghanistan. Dans le Pas-de-Calais, lors du démantèlement des camps de Calais, la rétention a été «détournée» et utilisée «pour éloigner» les exilés : quelque 2600 personnes (Afghans, Syriens, Erythréens...) ont été enfermées. En Guyane et à Mayotte, les «éloignements sont si rapides que seules une faible proportion de personnes peuvent exercer leurs droits». Autant de «pratiques abusives de la part de l’administration» qui se sont «multipliées», dénoncent les associations.
En métropole, 182 enfants ont été privés de liberté en 2016 contre 45 en 2014. A Mayotte, 4325 enfants ont été concernés. Soit «une année record», en dépit de cinq condamnations de la France pour «traitement inhumain et dégradant» par la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH), observe le rapport.
François Hollande, candidat, s’était engagé à mettre fin à la rétention des enfants. Son mandat a marqué non seulement «une reprise de cette pratique» mais l’adoption d’une loi élargissant son usage. «Même de courte durée, un séjour dans ces lieux est traumatisant pour des enfants, insiste Mathias Venet. Les centres de rétention administrative sont construits sur le mode carcéral. Ce sont des espaces grillagés avec des policiers partout, des hauts-parleurs qui crient des noms, des gens très stressés et qui souffrent parfois de problèmes psychologiques.»
* ASSFAM, Forum réfugiés-Cosi, France terre d’asile, La Cimade, Ordre de Malte France, Solidarité Mayotte
Par Le Parisien, le 27/07/2017