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Publié le : 03/11/2011
Le département de Seine-Saint-Denis ayant obtenu une réponse du ministre de la Justice à son interpellation concernant l’accueil des mineurs isolés étrangers (MIE), d’autres départements se font désormais entendre pour mettre en lumière la situation sur leur territoire. C’est ainsi que le président du Conseil général de l’Ille-et-Vilaine a affirmé ce vendredi 28 octobre 2011 qu’il mettrait fin à l’accueil des MIE dès le 1er janvier 2012 si l’Etat ne lui proposait pas « une répartition géographique plus équitable » ainsi qu'« une compensation financière pour chaque jeune pris en charge ». Cette réaction illustre les limites de la réponse apportée par le ministre au département de Seine-Saint-Denis (90 % des jeunes admis sur ce territoire sont orientés vers 21 départements désignés), ignorant les autres départements fortement impactés par cette problématique, auxquels rien n’a été proposé.
Tout en réaffirmant notre position en faveur d’une meilleure répartition des moyens et des compétences dans ce domaine, nous appelons cependant les responsables des collectivités territoriales tentés par un bras de fer sur le modèle de la Seine-Saint-Denis à la plus grande prudence. Prudence quant aux actes entrepris, le refus de prise en charge de mineurs comme moyen de pression politique étant inacceptable. Prudence également quant au discours employé. En effet, le thème de l’immigration ici en jeu doit être manié avec finesse et pédagogie afin d’éviter toute récupération opportuniste. Nombreux de nos concitoyens, lisant ici et là qu’un Conseil général refuse l’accueil des jeunes étranger se disant « saturé » par ce « problème » décrit comme étant en forte augmentation, font une interprétation déformée de la situation et du positionnement des départements. La nuance s’impose donc, pour rappeler qu’il s’agit avant tout de revendications financières qui ne doivent pas remettre en cause le besoin de protection de ces jeunes. A l’heure où la notion même d’enfant est mise à mal par des lois tendant à aligner la justice des mineurs sur celle des adultes, il est nécessaire de ne pas apporter de l’eau au moulin de ceux qui voudraient minimiser cet impératif de protection pour toute personne de moins de 18 ans privée de ses représentants légaux. Un impératif qui ne doit laisser aucune place aux exagérations idéologiques sur l’immigration, que de nombreux responsables politiques se chargent déjà d’alimenter.
Enfin, les débats politiques autour de cette question ne peuvent se limiter à l’échelle nationale. Comme nous l’affirmons depuis plusieurs années, en particulier par le biais de l’Appel pour une protection européenne des mineurs isolés étrangers lancé en 2009, il est temps de porter cette problématique auprès des instances de l’Union européenne. La Commission ayant posé le débat en lançant un plan d’action en faveur de ces mineurs en mai 2010, il appartient maintenant aux Etats et au Parlement européen de prolonger cette réflexion afin de trouver des points de convergence. La revendication d’une prise en charge cohérente et coordonnée, au cœur des discussions actuelles, passe aussi par cette approche supranationale.
Paris, cp/France terre d'asile, le 03/11/2011