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Publié le : 11/10/2012
S’il est un sujet sur lequel sont véhiculés quotidiennement préjugés et idées reçues, c’est bien celui de l’immigration. Loin des réflexions hâtives et de l’instrumentalisation continue de ce sujet de société, l’INSEE publie ce jour une étude approfondie sur la situation et les parcours des immigrés et de leurs descendants.
Au-delà de la richesse statistique qu’offre cette étude, celle-ci fait la démonstration de plusieurs faits notables : l’idée d’un flux massif d’immigrés vers la France, entretenue par nombre de responsables politiques s’avère en grande partie erronée, puisque « les flux annuels d’immigrants sont plus faibles en France que dans les autres pays européens les plus peuplés » et « placent la France en deçà de la plupart des pays européens au regard de la part de personnes nées à l ’étranger » selon l’INSEE.
D’autre part, malgré des situations socioéconomiques souvent moins favorables, les descendants d’immigrés se sentent français. Il est dès lors gênant que certains médias parlent encore d’intégration pour ces personnes quand ils évoquent la situation de cette « 2ème génération », constituée à 97% de personnes ayant la nationalité française. Ils ne devraient pas avoir à faire continuellement la preuve de leur « assimilation ». D’ailleurs, nombreux ont été les médias à réduire les enseignements produits par cette étude sous le seul angle de l’intégration. De ce point de vue, il nous semble important de s’interroger sur la pertinence de la notion statistique « immigré », qui classe dans cette case des personnes nées étrangères à l’étranger même si elles sont devenues françaises depuis. C’est là une approche que nous trouvons stigmatisante et qui entretient la confusion.
Par ailleurs, il est important de rappeler que l’intégration telle qu’elle est définie dans le cadre de nos politiques publiques concerne les personnes présentes sur le territoire national depuis moins de cinq années et non les descendants d’immigrés.
Notre organisation plaide depuis de nombreuses années pour un arrêt de l’instrumentalisation politique de cette question, d’un réel changement de regard sur les migrants et de leurs descendants avec la mise en place d’une véritable politique de promotion sociale et professionnelle, de lutte contre les discriminations sociales et territoriales.
Cette étude démontre également qu’il est urgent de conforter et d’accentuer l’intervention publique sur une politique d’intégration des primo-arrivants ambitieuse, dotée de moyens à la hauteur de ses objectifs et d’un pilotage clair et simplifié. A cet égard, la baisse de 5,5 millions d’euros des crédits alloués à la mission « intégration et accès à la nationalité » tout comme le rattachement de cette mission au seul Ministère de l’Intérieur s’avèrent préoccupants.
Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile
Paris, cp/France terre d'asile, le 11/10/2012