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Publié le : 22/06/2011
A nouveau, Claude Goasguen et l’UMP trouvent un nouveau champ d’expérimentation pour faire fructifier ce qu’ils pensent être leurs intérêts électoraux. Avec le rapport de la mission d’information sur le droit de la nationalité en France, dont la proposition phare suggère que les étrangers auront à choisir entre « la nationalité française » et « leur nationalité étrangère » lors de leur demande de naturalisation, la polémique arrive.
Remettre en cause la binationalité, c’est commettre une faute économique, politique, morale et juridique.
Economique, tout d’abord, car les deux millions et demi de Français de l’étranger, dont la moitié sont des binationaux, forment un réseau dense et varié d’entrepreneurs, chefs de projets, commerçants, consultants et enseignants, qui sont indispensables à notre commerce extérieur et à notre « soft power ». Ces propos sont tenus par Joëlle Garriaud-Maylam, sénateur UMP des Français établis hors de France, dans un texte datant du 17 juin. En conclusion d’un appel argumenté, la parlementaire dénonce le populisme du débat sur la binationalité et prédit des conséquences désastreuses pour notre pays, si de telles propositions devaient passer, « tant en termes d’influence culturelle que de dynamisme commercial ».
Politique, car on ne peut raisonnablement s’attaquer à ce qui fait aussi l’âme d’une nation. Avoir deux nationalités n’est pas synonyme de déloyauté, ou comme le dit très bien Madame Garriaud-Maylam, « l’attachement et la loyauté envers la France ne sont pas inversement proportionnels au nombre de passeports, mais dépendent avant tout d’un sentiment d’appartenance et de reconnaissance ».
Morale, car l’acceptation de la double nationalité fait partie intégrante de l’histoire de la France républicaine. Notre pays a été un des premiers pays à accepter la double nationalité, vers le début du XXe siècle. Pour quelle raison, en ces temps troublés, cherche-t-on à stigmatiser les 5 à 8 millions de Français binationaux? A nier la tradition universaliste et égalitaire de la citoyenneté française ? A opposer les Français entre eux ? Remettre en cause la binationalité, est synonyme de fermeture, de repli sur soi et d’une volonté d’un retour inutile et contre-productif au protectionnisme.
Juridique enfin, car le droit de la nationalité tel qu’il existe traditionnellement en France ne saurait être ainsi remis en cause, et parce que la tendance au sein de l’Union européenne se situe aujourd’hui plus dans l’acceptation de la double nationalité, que dans son refus. Pour exemple, l’Allemagne, qui s’est longtemps opposée à la binationalité, a mis fin à cette pratique en 2007.
Le climat politique actuel est malsain. Stigmatisation, fragilisation de la cohésion nationale, résurgence de la théorie de la cinquième colonne… on est bien loin de la reconnaissance que méritent les binationaux, qui contribuent à la richesse culturelle de notre pays, à son dynamisme économique et, il faut le dire, à sa grandeur.
Concluons avec les propos pleins de sens du célèbre pianiste franco-argentin et ancien réfugié politique Miguel Àngel Estrella : « Je suis chez moi en Argentine. Je suis chez moi en France. C’est un luxe, je me sens riche d’appartenir à deux cultures. » C’est aussi simple que cela, et pour tout le monde.
Paris, cp/France terre d'asile, le 22/06/2011