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Publié le : 19/11/2015
Nombreuses sont les personnalités politiques à prévenir l'amalgame possible (et déjà fait) par certains entre migration et terrorisme. | Photo AFP.
La droite populiste n’a pas manqué d’essayer de relancer le débat sur les mouvements de population, en s’appuyant le passeport syrien retrouvé près d'un kamikaze du Stade de France.
Ainsi, Marine Le Pen a notamment demandé « l'arrêt immédiat de tout accueil de migrants » dans notre pays puisque « l’un des kamikazes du Stade de France était arrivé en Grèce le 3 octobre parmi la masse des migrants ».
Des faits confirmés par les autorités, mais qui n’en disent pas forcément plus sur la réelle identité du terroriste qui s’est fait exploser à proximité de l’enceinte sportive située à Saint-Denis vendredi.
Au nom d'Ahmad al Mohammad, né le 10 septembre 1990 dans le nord-ouest de la Syrie, ce passeport pourrait même correspondre à un soldat des troupes loyales au président en place Bachar El-Assad.
A propos de ce document d’identité dont la photo a été diffusée par les services de police, le gouvernement central allemand évoque même (et met en garde) contre de possibles « fausses pistes » laissées par l'Etat islamique « pour politiser et radicaliser la question des réfugiés en Europe ».
Pourtant, sur le même ton que la responsable du Front national, d’autres personnalités politiques européennes n’ont pas manqué de s’engouffrer dans la brèche. Par exemple, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a assuré que « les terroristes ont exploité les migrations de masse ».
A ses yeux, l’accueil des réfugiés serait un des responsables des attentats de Paris. En Allemagne, des dizaines de milliers de sympathisants du mouvement islamophobe Pegida en ont profité pour ressortir. Ils ont manifesté mardi, à Dresde, contre la migration en provenance du Moyen-Orient.
Des mots aux actes, trois Etats américains, le Texas, l'Alabama et le Michigan ont annoncé lundi leur refus d'accueillir des réfugiés syriens dans l'espoir d'éviter des attentats, se joignant ainsi aux pays d’Europe centrale érigeant des clôtures contre ces mouvements.
Face à cet amalgame facile et réalisé très rapidement après les attentats, de nombreux chefs d’Etat et leaders d’organisations appellent au calme et à la réflexion pour faire taire ces rapprochements entre migration et terrorisme.
Devant le Congrès de Versailles, François Hollande a notamment insisté sur « notre devoir (les responsables politiques) d'humanité à l'égard des réfugiés va de pair avec le devoir de protection des Français ».
« Il est vital que l'Europe accueille dans la dignité ceux qui relèvent du droit d'asile. […] Les Syriens et les Irakiens sont les victimes du système terroriste » mis en place par l'EI. Ce qu’ont répété de nombreux politiques, depuis la chancellerie allemande ou la Maison Blanche.
Et le président d’ajouter à propos des conditions d’accueil des exilés : « Nous aurons donc à faire les vérifications nécessaires avant d'accepter des réfugiés sur notre sol. C'est ce que nous avons fait et c'est ce que nous continuerons à faire ».
Certes en campagne contre Marine Le Pen dans la région Nord-Pas de Calais – Picardie, Xavier Bertrand (Les Républicains) n’a pas tardé, non plus, à lui répondre à ce sujet : « Et ceux qui sont nés en France, qui ont grandi en France, quelle réponse à cela, quelle réponse apportée notamment par le Front national ? Il n'y en a pas ».
Face à cette ligne dure contre l’immigration jamais avare de récupération, les responsables d’organisations humanitaires se sont également montrés choqués. « Il est important de rappeler que ces agissements proviennent d'une très faible minorité de personnes. Tout amalgame est une manipulation », estime le secrétaire général de la Cimade, Jean-Claude Mas.
Suivi du directeur général de France Terre d'asile Pierre Henry : « 800.000 personnes sont arrivées en Europe. Un kamikaze parmi elles ne fait pas des autres des terroristes ». Alors que l’Hexagone doit accueillir 30 000 réfugiés sur deux ans, tous rappellent que ces migrants fuient les mêmes atrocités que celles commises vendredi 13 novembre à Paris.
Ces propos tricolores font écho à ceux de Barack Obama qui, dans le même temps a dénoncé avec ironie l’hystérie qui règle dans son pays en critiquant l’opposition : « Apparemment, ils ont peur des veuves et des orphelins qui arrivent aux Etats-Unis ».
Depuis Manille, Barack Obama a tourné en dérision les réactions de certains Etats de son pays.
Devant cette agitation, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) a appelé mardi les Etats à ne pas revenir sur leurs promesses d'accueil de migrants et réfugiés, essentiellement des Syriens qui arrivent en Grèce, après les attentats de Paris.
Tout comme l’Unicef, pour qui fermer les frontières à la suite des attentats de Paris « n'est pas une solution » car cela augmenterait la pression sur les pays voisins de la Syrie déjà débordés, d’après les déclarations de son patron, Anthony Lake.
En France ou ailleurs, les migrants sont d’ailleurs conscients de ces questionnements. Qu’ils craignent. Mardi à Calais, près de 200 migrants – dont beaucoup d’Irakiens et de Syriens qui ont connu le chaos de Daech - se sont rassemblé en hommage aux victimes.
Interrogé par l’AFP ce mercredi, un réfugié s’est agacé de cet amalgame, en témoignant sa solidarité avec le peuple français. « Les Français doivent comprendre que Daech détruit des mosquées... », conclut cet homme préférant rester anonyme.
Ouest France, le 19/11/2015