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Publié le : 28/07/2017
À dix-neuf ans, Niaz Wali Zakhel a préféré quitter son pays, plutôt que de faire le djihad. Il est parti pour l'Europe dans l'espoir de trouver une vie meilleure. Après deux ans en France et alors qu'il vient de trouver une place en apprentissage, le jeune homme raconte avec pudeur et dans un français encore approximatif son parcours.
« J'ai eu un problème avec mon oncle qui faisait partie des talibans. De temps en temps, il venait chez moi pour que j'intègre son groupe. J'ai refusé plusieurs fois car je n'aime pas la guerre. Mon pays est en guerre à cause des talibans, dans ma ville, ils se battent tous les soirs avec l'armée. »
Pour éviter une escalade qui aurait pu se terminer par un affrontement mortel, sur les conseils de ses parents, Niaz a choisi d'émigrer. Et de laisser derrière lui ses parents, ses deux frères et ses quatre sœurs. Pour permettre le voyage, qu'il estime à environ 6.000 dollars, son père, marchand de vêtements sur les marchés, a vendu une parcelle de terre de la famille.
Depuis Kunduz, sa ville d'origine au nord de l'Afghanistan, Niaz a d'abord gagné Kaboul en bus, avant de rejoindre Kandahar, puis le Pakistan. Il est ensuite passé, en compagnie d'un petit groupe, en Iran. Ensemble, ils ont traversé la République islamique à pied pendant plusieurs semaines avant d'arriver en Turquie. Un parcours au cours duquel les dangers étaient quotidiens.
« En arrivant en Iran, nous avons été attaqués alors que nous étions dans la montagne. Les occupants de notre voiture se sont rapidement mis à terre mais ceux de la voiture qui nous suivait sont morts », se souvient Niaz. « Ensuite nous avons marché toutes les nuits sans dormir. Nous dormions cachés pendant la journée. »
Une fois à Istanbul, le jeune migrant réussit à gagner la Bulgarie en camion avant de passer en Serbie puis de terminer son périple en voiture à travers la Hongrie, l'Autriche et l'Italie jusqu'en France.
"Le métier et la localisation ne donnent pas envie aux jeunes, les seuls à se présenter sont des étrangers"
Après quelques mois passés dans un centre à Paris et à Varennes-sur-Allier (Allier), Niaz est finalement envoyé dans le Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) d'Aurillac. Pris en charge par la mission locale, l'organisme va lui proposer une formation à l'École de la deuxième chance (E2C).
C'est au cours de cette expérience que Kirsten Blachetta, formatrice à l'E2C, va trouver à Niaz une place en apprentissage. Une chance de démarrer une nouvelle vie pour le réfugié et une opportunité pour son patron, Mathias Bergoin, le chef cuisinier et cogérant de l'Hôtel-restaurant du Lac des Moines, à Condat.
« Cela faisait un an que je cherchais un second de cuisine. Le métier et la localisation ne donnent pas envie aux jeunes, les seuls à se présenter sont des étrangers », témoigne le cuisinier.
Après un stage de 15 jours, Niaz et Mathias Bergoin signent pour un contrat de deux ans. « Au début nous avions peur qu'il ne comprenne pas grand-chose mais il avait de bonnes bases et il fait des efforts pour apprendre, poursuit Mathias Bergoin, c'est quelqu'un qui mérite sa chance, maintenant c'est à lui de jouer, il a tout à prouver. »
Depuis le 12 juin, Niaz a donc emménagé à Condat. Si le jeune homme souhaite réaliser son apprentissage avant de faire d'autres projets, il se sent bien dans le Cantal. « Ma famille me manque mais je réussis à parler avec eux une fois par semaine. Ce que j'aime ici, ce sont les règles et les gens. Ici, il n'y a pas de bagarre comme chez moi ».
Avec ce parcours éclair, le jeune Afghan est devenu un exemple de réussite dans le centre d'accueil d'Aurillac. « Niaz a motivé trois frères afghans, ils sont venus nous voir en disant "On veut faire comme Niaz" », raconte Kirsten Blachetta. Après le combat pour l'immigration, Niaz s'apprête à livrer une autre bataille. Pour l'intégration cette fois-ci.
Par La Montagne, le 28/07/2017