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Publié le : 07/03/2016
Les hommes sont effectivement partis seuls en éclaireurs. Ils avaient l'intention de faire venir leurs familles par des voies légales, une fois installés en Europe. Mais les discours de fermeture des frontières répétés dans différents pays européens ont eu un effet immédiat sur les familles restées au pays. Ils ont provoqué un "regroupement familial" de fait. Les hommes ont compris que les rapprochements seraient aléatoires, ou du moins extrêmement longs à réaliser. Du coup, ils ont donné la consigne aux femmes et aux enfants de partir sur-le-champ, par tous les moyens, même en plein hiver, et de rejoindre la Grèce au plus vite.
Depuis le 1er janvier, sur 120.000 migrants arrivés sur l'île de Lesbos, on a dénombré 47.100 enfants et 27.300 femmes, ce qui fait plus de 60% du total. Pour mémoire, 470.000 migrants étaient passés par Lesbos sur l'ensemble de l'année 2015, principalement des hommes. Nous sommes donc face à un phénomène nouveau et massif.
L'Union européenne n'a aucun moyen de répartition et n'a même aucune présence physique sur la route des migrants, si ce n'est dans l'embryon de hot spot de Lesbos. Mais il ne faut pas être dupe, il ne s'agit que d'une immense agence d'enregistrement photographique. Une fois les questions administratives réglées, les migrants prennent le ferry pour rejoindre le port du Pirée, à Athènes. Il n'y a guère que le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et l'Unicef qui ont organisé des centres pour accueillir les femmes et les enfants dans les différents pays. La France, elle, s'est engagée à accueillir 30.700 migrants en deux ans. En six mois, nous en avons reçu 200! Or il y a 12.000 personnes bloquées au camp d'Idomeni, à la frontière macédonienne. Dans quelques semaines, quelques mois, ceux et celles qui veulent retrouver un mari, un père, un oncle en Grande-Bretagne atterriront en France…
Le JDD, par Marie-Christine Tabet, le 7 mars 2016