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Publié le : 05/02/2016
En trois ans, la présence des mineurs isolés étrangers a explosé dans les bidonvilles du Calaisis. En 2013, 412 d’entre eux avaient été provisoirement mis à l’abri en raison de leur grande vulnérabilité. En 2014, ce sont 1 365 enfants qui ont été accueillis en urgence, en 2015, 1 403. Les moyens pour leur venir en aide sont dérisoires comparés à l’enjeu.
France terre d’asile gère bien un foyer à Saint-Omer, à quelques kilomètres de Calais. Mais la structure est totalement saturée. L’association ne dispose que de 30 places d’accueil en urgence, à quoi s’ajoutent 60 solutions d’accueil plus durables, à Arras. Cette prise en charge est entièrement financée par le département du Pas-de-Calais, à hauteur d’environ 3 millions d’euros par an.
L’an dernier, 83 mineurs isolés ont été « stabilisés » sur le territoire contre 57 en 2014 et 52 en 2013. Une goutte d’eau. « Parfois, nous pouvons recevoir 200 adolescents en une semaine, mais la plupart d’entre eux se sauvent on ne sait où. On ne les revoit pas dans les camps où ils ont été repérés », s’inquiète Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile.
Ce responsable demande leur répartition dans les différents départements de France et avertit du danger : « Il ne faut pas être naïf, ces jeunes sont peut-être sans représentant légal, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas entourés d’adultes appartenant à des réseaux ».
Les contraintes qui pèsent sur les épaules des mineurs peuvent être de nature diverse. Dans bien des cas, ils ont un mandat pour aller quelque part. Les sommes promises aux passeurs ne sont pas versées tant que le trajet n’est pas effectué. « Ils peuvent aussi être sous le joug de réseaux de prostitution ou de travail domestique », précise Pierre Henry. Ce constat intervient alors qu’Europol vient d’annoncer 10 000 mineurs disparus des radars de l’UE ces 18 à 24 derniers mois, avec les mêmes présomptions.
En France, ce sujet reste une zone d’ombre. Les associations estiment qu’environ la moitié des 200 à 300 enfants actuellement présents dans le bidonville géant de Calais sont isolés. À Grande-Synthe, près de Dunkerque (Nord), c’est à peu près le même ratio.
On ne sait pas grand-chose d’eux. Ils ont globalement entre 14 et 18 ans et sont pour l’essentiel originaires du Proche-Orient ou de la Corne de l’Afrique.
Mais l’État n’a toujours pas procédé à leur recensement précis. Pourtant, le 23 novembre 2015, à la suite d’une saisine du Secours catholique et de Médecins du monde, le conseil d’État avait sommé la France de les repérer et de les protéger. Les deux organisations de solidarité rappellent l’État à ses responsabilités et demandent des « mesures de protection claires ».
En attendant, l’Unicef France a lancé un diagnostic sur six mois pour mieux connaître les parcours et les difficultés de mineurs non accompagnés. L’enjeu sera notamment de repérer ceux qui ont des parents en Angleterre, de manière à envisager un rapprochement familial.
L’avocat spécialiste du droit des étrangers, Patrice Spinosi, doit prochainement défendre cinq mineurs dont c’est le cas. Son cabinet a déposé des référés libertés auprès du tribunal de Lille pour obtenir la nomination d’un administrateur ad hoc et garantir leur droit à rejoindre leurs proches.
Jean-Baptiste François, La Croix, le 03/02/2016