Je coordonne un programme qui accueille et accompagne des réfugiés à Rouen. 60 personnes sont actuellement prises en charge dans notre dispositif pour un an. Dans le cas de la réinstallation, les personnes viennent tout juste d’arriver en France depuis un pays où elles avaient d’abord trouvé refuge. On accueille tout type de personnes : familles ou personnes seules, de toutes nationalités.

Mes deux collègues et moi, nous réalisons avec les résidents leurs premières démarches en France (ouverture des droits sociaux, procédure d’asile, inscription à l’école des enfants, etc.), nous les aidons à organiser leur nouvelle vie en France (besoins de première nécessité, hébergement). L’accompagnement en santé est central dans mon métier car plus de 60% des personnes dans ce dispositif ont des pathologies de santé, parfois très lourdes [la réinstallation est fondée sur des critères de vulnérabilité comme l’état de santé, NDLR]. Une grande partie des personnes accompagnées ont également besoin d’un accompagnement en santé mentale car elles souffrent de psychotraumatismes.

Notre rôle est aussi de les aider à se repérer dans leur nouvel environnement. Les premières étapes de compréhension de la France se passent avec nous. C’est une étape très importante pour l’intégration future de ces personnes.

Les personnes que l’on accompagne ont été directement impactées par la crise sanitaire : difficultés à comprendre les confinements, retard dans les prises en charge voire rupture de droits.

Aujourd’hui, la situation sanitaire nous oblige à réaliser de nouvelles activités qui dépassent souvent les compétences attendues dans nos métiers et prennent beaucoup de temps sur un temps d’accompagnement déjà insuffisant en temps normal : temps pour expliquer les protocoles dans les écoles aux parents qui ne parlent pas français ou les gestes barrières, temps pour aider à réaliser des tests, gestion des vaccinations etc. Dans nos services qui sont parfois eux-mêmes en sous-effectif à cause du Covid, nous sommes régulièrement obligés de faire cet accompagnement supplémentaire en dehors de nos horaires de travail.

Depuis le début de la crise, nous avons aussi dû modifier notre accompagnement pour respecter les gestes barrières. Nous réalisons moins de visites à domicile et limitons au maximum les moments conviviaux. Cela rend plus difficile de tisser le lien de confiance.

Nous sommes garants de la prise en charge médicale et financière de ces personnes. Si nous ne sommes pas là, les gens sont livrés à eux-mêmes, sans ressources ni compréhension de leur environnement à leur arrivée. Notre accompagnement à l’accès aux soins est absolument indispensable. Si nous n’étions pas là pour le réaliser, c’est la vie de ces personnes qui serait en danger.