Publié le : 24/02/2012
Un film choc de Fernand Melgar
Au centre de détention administrative de Frambois, des hommes sont emprisonnés dans l’attente d’un renvoi du territoire helvétique. Leur demande d’asile a échoué, ils sont sommés de repartir après, pour certains, avoir passé plusieurs années en Suisse, travaillé, payé des impôts, fondé une famille. Si leur incarcération peut durer jusqu’à 18 mois, l’annonce du renvoi intervient quant à elle sans crier gare, et sa mise à exécution est imminente. Dans ce huis clos carcéral, la tension monte au fil des jours. D’un côté des gardiens pétris de valeurs humanistes, de l’autre des hommes en bout de course, vaincus par la peur et le stress. Se nouent alors des rapports d’amitié et de haine, de respect et de révolte jusqu’à l’annonce de l’expulsion vécue comme un coup de poignard. Cette relation s’achève la plupart du temps dans la détresse et l’humiliation. Ceux qui refusent de partir seront menottés, ligotés et installés de force dans un avion. Dans cette situation extrême le désespoir a un nom : vol spécial.
Présenté au Festival du Film de Locarno l’année dernière, le film avait suscité une vive polémique et fait l’effet d’une véritable gifle pour le public non averti, tant on en apprend sur la façon dont les droits de l’homme les plus élémentaires sont bafoués dans les pays pourtant réputés les plus évolués, sous couvert d’appliquer de simples procédures administratives… En Suisse (où se déroule le film), la détention peut ainsi atteindre jusqu’à 18 mois !
Le réalisateur, Fernand Melgar, avait déjà traité des conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Suisse dans son film LA FORTERESSE. Avec VOL SPECIAL, il porte son regard vers la fin du parcours migratoire : en l’occurrence, au centre de détention administrative de Frambois, où des hommes sont emprisonnés dans l’attente d’un renvoi du territoire helvétique. Ceux qui refusent de partir seront menottés, ligotés et installés de force dans un avion.
Fernand Melgar s’est immergé pendant 9 mois dans le Centre de détention administrative de Frambois, à Genève, l'un des 28 centres d'expulsion pour sans papiers en Suisse, et entend ainsi dénoncer les conditions de détention et surtout de renvoi des demandeurs d'asile dans leur pays, et ce avec d'autant plus de force qu'il filme de façon objective, dans un centre réputé "modèle", en nous mettant face à nos responsabilités individuelle et collective, en tant que spectateur mais également en tant que citoyen.
A travers l'exemple suisse, c'est en fait l'existence d'un problème géopolitique et social d'envergure internationale que met en lumière le film, compte tenu du manque de volonté politique croissant des Etats au profit d'objectifs de volume désincarnés et de leur terrifiant nécessaire administratif. Dans VOL SPECIAL, ces objectifs de volume ont des noms : Pitchoun, Ragip, Jeton, Wandifa, Serge... La caméra de Fernand Melgar se fait leur porte-parole.
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