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Publié le : 08/10/2010
Voir "Un Somalien à Paris" (France 5 - Portraits d'un nouveau monde)
Je me suis toujours intéressé aux questions relatives à l'immigration, aux diasporas, à l'exil.
En 2001, je m'étais rendu à Sangatte où des centaines de clandestins venus d'Afghanistan, du Pakistan, d'Iran et d'ailleurs, échouaient dans le Centre de la Croix Rouge Internationale dans l'espoir de franchir la Manche vers l'Angleterre. A la nuit tombante, ils sortaient, tels de véritables fantômes errant, vers la ville ou vers le port pour tenter de se glisser dans un camion ou dans un bateau.
Près de huit années après, ce centre n'existe plus, ni ce qu'on a appelé "La Jungle", mais les migrants continuent d'affluer de partout aux portes de l'Europe ou dans des zones européennes devenues des sortes de "lieux de transit". Ce phénomène de société grandissant ne va pas cesser.
J'ai voulu continuer le travail photographique que j'avais amorcé en 2001 à Calais et l'étendre à d'autres territoires: Italie, Malte, Grèce dans un premier temps.
Beaucoup de migrants venus d'Afrique échouent à Malte en traversant la Méditerranée dans leur embarcation de fortune. Ils ont tout risqué pour aller en Europe en espérant une vie meilleure - on estime qu'un tiers des migrants meurent en traversant la mer. Une fois à Malte, ils se retrouvent enfermés dans des Centres de détention ou dans des camps ouverts pendant de longs mois, voire des années en attendant que Malte et l'Europe trouvent une solution administrative à leur cas.
Leur destin est pourtant si méconnu. A Malte, j'ai rencontré des hommes et des femmes qui m'ont touchés. J'ai voulu m'attacher à raconter des histoires individuelles, des parcours singuliers. Abdirisaak, un jeune Somalien, a 22 ans. L'âge de mon fils. Lorsque je l'ai rencontré en juin 2009, il a déjà failli mourir deux fois en rejoignant Malte. Sa vie ressemble à celle de tant d'autres émigrés d'Afrique qui fuient la guerre (Somalie, Darfour, Erythrée..) ou la misère (Mali, Ghana, Nigeria...), rencontrent au cours de leur périple des policiers corrompus, des trafiquants, des racketteurs, des violeurs... Le voyage leur coûte au moins 3500 euros, soit les économies de toute leur famille pour beaucoup d'entre eux. Tout cela pour un cul de sac administratif.
Abdirisaak a eu de la chance : en juillet 2009, la France a décidé d'accueillir officiellement 92 Africains coincés à Malte pour désengorger la petite île où, en 2008, le nombre d'arrivée de migrants a dépassé celui des naissances. Dés leur arrivée à Roissy le 9 juillet, ces émigrés ont été pris en charge puis ont suivi des cours de français, de civisme pour s'intégrer en France. C'est l'histoire extraordinaire d'Un Somalien à Paris que j'ai voulu raconter dans ce documentaire.
Patrick Zachmann