Publié le : 10/12/2010
Synthèse du petit déjeuner-débat sur le thème de l’accès à l’emploi des primo arrivants, organisé le 16 décembre par la direction de l'intégration de France terre d'asile.
Si l’emploi est souvent considéré comme le « meilleur vecteur d’intégration sociale » des personnes primo-arrivantes, force est de constater que l’accès des étrangers au marché du travail reste un parcours entravé de nombreux obstacles. Partant de ce constat, France terre d’asile a souhaité organiser un petit déjeuner-débat afin de dresser un état des lieux des dispositifs mis en place pour faciliter l’intégration professionnelle des primo-arrivants et d’en mesurer la portée sur l’insertion sociale de ce public. Cette rencontre s’est déroulée le 16 décembre 2010 et a regroupé plus d’une trentaine de personnes, invitées à débattre suite aux interventions de Fatiha MLATI, Directrice de l’intégration de France terre d’asile, de Frédéric VIEL, Directeur de l’accueil et de l’intégration à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et d’Aïssatou DIAGNE, chargée d’études et de recherche au sein de la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE), le débat étant animé par Pierre HENRY, Directeur général de France terre d’asile.
Fatiha MLATI a d’abord introduit le débat en présentant la situation des étrangers en général et plus particulièrement des primo-arrivants bénéficiaires de la protection internationale en matière d’accès à l’emploi. Ce public est en effet confronté à des difficultés spécifiques dans l’accès au marché du travail, difficultés aggravées en temps de crise. On relève en effet un taux de chômage des étrangers non-communautaires trois fois supérieur à celui des français et lorsqu’ils obtiennent un poste, il est fréquent que celui-ci ne corresponde pas à leurs qualifications ou se trouve éloigné de leur formation ou de leur expérience initiales.
En parallèle, on observe toutefois de nombreux secteurs économiques en développement avec une estimation d’environ 400 000 emplois en France non pourvus en raison d’une pénurie de main d’œuvre. C’est dans ce cadre que sont nées les conventions de partenariat entre le ministère chargé de l’immigration et des acteurs du monde économique visant à faciliter l’accès à l’emploi des primo-arrivants.
Toutefois, le développement de ces accords au cours de ces dernières années est allé de pair avec le constat, dans certains métiers, d’une concentration grandissante d’étrangers et d’immigrés (services à la personne, sécurité, hôpitaux, métiers du gros œuvre dans le BTP), constat qui est en outre amplifié avec le développement d’entreprises communautaires (communautés chinoise dans le textile, turque dans le bâtiment…). Il convient donc de s’interroger sur ce phénomène d’ethnicisation des métiers afin de savoir s’il constitue un frein ou au contraire un « tremplin » pour les travailleurs étrangers ou immigrés.
Frédéric VIEL s’est ensuite attaché à la présentation des dispositifs d’intégration mis en œuvre par les pouvoirs publics en faveur du public primo-arrivant. L’intégration, longtemps traitée sous le seul angle social, est aujourd’hui placée au cœur même des politiques d’immigration. Le contrat d’accueil et d’intégration (CAI) est l’expression la plus claire de cette orientation qui fait de l’intégration une des conditions premières de l’installation en France. Dans cette perspective, la signature d’un contrat d’accueil et d’intégration entre l’Etat et le migrant souhaitant s’installer sur le territoire national a été rendue obligatoire à compter du 1er janvier 2007. A ce jour, on, recense ainsi près de 175 000 signataires du CAI.
Autre élément majeur du parcours d’intégration des primo-arrivants, le suivi d’un bilan de compétences permettant aux étrangers primo-arrivants de valoriser leurs expériences passées, leurs compétences professionnelles et leurs savoir-faire dans le cadre d’une recherche d’emploi. 62% des signataires du CAI, soit près de 110 000 personnes, ont ainsi pu bénéficier de cette prestation.
Enfin, le ministère chargé de l’immigration a conclu, à partir de 2008, une série d’accords-cadres visant à promouvoir l’emploi des étrangers primo-arrivants. Ces conventions de partenariat passées avec des acteurs clés du monde économique ont pour objet de mieux orienter et d’accompagner les demandeurs d’emploi signataires du contrat d’accueil et d’intégration ainsi que de raccourcir les délais d’accès à l’emploi de ce public.
A ce titre, le Directeur de l’accueil et de l’intégration de l’OFII a cité l’exemple du partenariat signé le 18 mai 2010 avec Pôle Emploi, partenariat visant à la mise en place de suivis personnalisés des demandeurs d’emploi étrangers à l’issue du bilan de compétences organisé par l’OFII. La convention prévoit notamment la mise en place d’un réseau commun composé de correspondants régionaux nommés sur l’ensemble du territoire. Ce réseau commun doit aboutir à la mise en place d’un processus formalisé de suivi personnalisé des parcours d’accès à l’emploi ainsi qu’à une meilleure coordination des services de l’Etat, de l’OFII et de Pôle Emploi, pour mieux répondre aux besoins des ressortissants étrangers demandeurs d’emploi. Les informations et données personnelles propres à chaque parcours d’insertion professionnelle seront centralisées dans un système informatisé commun dont la mise en service est prévue courant 2011.
Aïssatou DIAGNE est enfin intervenue pour donner un aperçu concret du partenariat passé avec la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE). Créée en 1993, à l’initiative de 15 grandes entreprises nationales, la Fondation Agir contre l'exclusion est reconnue d'utilité publique et rassemble aujourd’hui plus de 3500 entreprises locales et nationales.
Après une expérimentation menée en 2008 et 2009, la FACE est aujourd’hui porteur d’un projet développé dans trois départements (Nord, Hérault et Rhône) consistant à faciliter l’insertion professionnelle des primo-arrivants. Cette action mise en œuvre depuis le mois de septembre, répond à un appel à projet lancé par le Ministère chargé de l’immigration. Par le biais d’un système de parrainage, l’action consiste en un accompagnement personnalisé des primo-arrivants effectué sur une période de 6 mois.
Regroupée en « clubs d’entreprises » au niveau local, la FACE mène un travail étroit avec les délégations de l’OFII, consistant notamment en des actions d’information auprès des entreprises sur le statut juridique des primo-arrivants et les droits découlant des différents titres de séjour.
Des formations en groupe sont également prévues et permettent à des cadres ou représentants d’entreprises d’intervenir sur des thématiques telles que le savoir-être en entreprise ou les démarches d’insertion professionnelle (préparation des candidats aux entretiens d’embauche, élaboration de CV…). Le projet prévoit en outre la poursuite de stages en entreprises d’une durée de 15 jours, renouvelables une fois, au sein de structures sélectionnées en fonction du profil des personnes.
France terre d’asile se félicite de la collaboration entre les pouvoirs publics et les acteurs du monde économique quant à la mise en place des dispositifs évoqués au cours de ce petit-déjeuner et espère que ces actions se poursuivront à l’avenir et permettront de constituer un effet levier dans l’accès à l’emploi et l’intégration sociale des migrants.
Paris, le 20 décembre 2010
Ce petit déjeuner était organisé dans le cadre des projets RELOREF et PRIM Clef de France avec le soutien de :